L’Hôpital universitaire de Bruxelles (HUB) a trois ans. Le redressement progressif de ses finances devrait lui permettre de mettre en chantier le New Erasme, le New Huderf et un système informatique performant. Trois défis que Renaud Witmeur, directeur général, compte relever malgré le contexte préoccupant de la pénurie de soignants.
Le directeur général de l’Hôpital universitaire de Bruxelles pointe trois investissements prioritaires : « Le premier est de construire le New Erasme, puisque l’hôpital a déjà presque 50 ans. Le projet est fondamentalement repensé, notamment pour s’intégrer parfaitement dans le New Bordet qui a été inauguré en 2021. Le deuxième est de reconstruire l’Hôpital des Enfants, dont 75 % du bâtiment est aussi ancien que celui d’Erasme. Le troisième est de relever le défi informatique puisque chaque entité a son propre système informatique. On finalise une phase d’intégration d’une solution commune, mais on veut investir dans un nouveau dossier médical qui soit adapté aux enjeux d’aujourd’hui et de demain. »
Ces investissements seront possibles grâce au redressement progressif des finances du HUB.
« L’hôpital Erasme a renoué avec les bénéfices en 2024. C’est évidemment une bonne nouvelle, qui est conforme à la trajectoire que le conseil d’administration nous avait fixée. De même, le redressement de l’Hôpital des Enfants est net, avec un résultat négatif limité à 1,3 million d’euros en 2024. Quant à l’institut Jules Bordet, nous espérons renouer avec les bénéfices à partir de 2027. Pourquoi 2027 ? Parce que, pour Bordet, le plus grand défi est de faire face aux coûts du nouveau bâtiment qui ont, selon moi, été excessifs par rapport à la capacité financière et aux besoins. Le coût net annuel pour l’hôpital s’élève à plus de 20 millions d’euros. En outre, et c’est nettement plus positif, il y a eu 80 millions d’investissements dans les équipements médicaux. Ces équipements seront totalement amortis en 2027. C’est une charge énorme qui disparaîtra tandis que certains de ces équipements restent parfaitement fonctionnels. »
Convaincre les banquiers
Un des plus gros défis du HUB en termes d’investissement est la construction du New Erasme.
« Aujourd’hui, convaincre les banquiers de financer un projet d’investissement de cette taille est un fameux défi, qui est évidemment aggravé par les résultats du passé. Le secteur financier fonctionne en se basant sur des ratios économiques qui sont logiques. En 2022, nos ratios étaient dans le rouge. En 2023, il y a eu un premier net redressement puisque nous avions terminé l’année avec un déficit ramené à 4 millions au niveau d’Erasme. En 2024, ils sont quasi tous verts et, en 2025, ils sont tous verts. Grâce à ce redressement et au fait de présenter chaque année des résultats conformes à ce que nous avions annoncé, nous avons créé une base indispensable pour pouvoir être crédibles et présenter, le moment venu, les demandes de financement. »
Le New Erasme contiendra moins de lits et sera moins grand que l’hôpital actuel.
« Il sera conçu à la fois en tenant compte des évolutions du paysage hospitalier et des pratiques médicales. En outre, grâce à l’intégration avec le bâtiment du New Bordet, on peut aussi réduire les surfaces nécessaires. Nous essayons de vraiment bien étudier les besoins puisque nous devons à la fois reconstruire Erasme et l’Hôpital des Enfants. Jusqu’à présent, on avait toujours réfléchi de façon séparée à la reconstruction de ces deux hôpitaux. Maintenant, nous essayons d’imaginer comment le paysage hospitalier va évoluer dans les années à venir. Nous effectuons de nombreuses visites à l’étranger pour nous inspirer. C’est passionnant », s’enthousiasme Renaud Witmeur.
« Il faut choisir la bonne taille et définir les synergies. Prenons l’exemple du New Bordet. Le bâtiment est clairement superbe. Mais lorsqu’on investit beaucoup d’argent dans l’infrastructure, on ne peut plus le dépenser à d’autres choses. Notre analyse est que les équipements médicaux, le système informatique et les espaces dédiés à la recherche sont au moins aussi fondamentaux, et que les nouvelles infrastructures ne peuvent pas, en raison de leur coût, menacer ces priorités. En d’autres termes, une certaine sobriété, les synergies et une grande modularité seront des axes clés des nouvelles constructions. »
Le patron du HUB estime qu’il faut intégrer les problèmes de pénurie du personnel dans les nouveaux projets de construction.
« Plus on a de sites hospitaliers, plus on doit organiser des permanences. Il faut donc réfléchir aux services que l’on peut mutualiser. Comment maintenir l’activité oncologique, pédiatrique… sans épuiser le personnel qui doit assurer trop de gardes ou de prestations si l’activité n’est pas assez centralisée ? »
Une réflexion stratégique est également en cours pour décider s’il faut reconstruire le New Huderf sur le site d’Erasme ou sur le site du CHU Brugmann.
> Lire l’intégralité de cette interview dans Le Spécialiste n°238.