L’Association francophone des médecins-chefs (AFMC) se déclare solidaire des actions qui seront menées le 7 juillet par les médecins contre les mesures inscrites dans l’avant-projet de loi cadre du ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke. Elle propose de sensibiliser la population aux dangers que contient la réforme.
« L'attitude du ministre est, depuis le début de cette législature, agressive vis-à-vis du corps médical. La façon de mettre en avant sa proposition d’avant-projet de loi est un exemple d'une forme de brutalité dans les échanges, qui remplace la concertation autrefois de mise », commente le président de l’AFMC, le Dr Manfredi Ventura, dans un texte de consensus rédigé avec une vigntaine de médecins-chefs. « Un des éléments les plus médiatisés de ce projet vise la limitation des suppléments d'honoraires. En tant que responsables hospitaliers, il est de notre devoir d'insister sur le fait que cela ne touchera pas uniquement les médecins mais également les hôpitaux. En effet, ces suppléments à l'hôpital sont utilisés afin de compenser le sous-financement structurel de nombreuses activités (notamment pour l’innovation), pour lesquelles une réforme est en cours actuellement. Si de réels mécanismes de compensation ne sont pas mis en place, limiter ces suppléments mettra en péril l'activité hospitalière et l'équilibre financier de nombreuses institutions hospitalières. »
L’AFMC considère que les suppléments d’honoraires demandés par certains médecins, et sous certaines conditions, restent actuellement nécessaires pour assurer la viabilité du système actuel. « Ils permettent de compenser certains remboursements insuffisants en faisant porter l’impact essentiellement sur des patients qui en ont les moyens ou sur leur assurance privée non financée par nos structures étatiques. »
Les médecins-chefs soulignent qu’il « est totalement erroné de croire que les médecins sont surpayés. Au-delà d’études longues, il y a une responsabilité importante engagée. La notion de continuité des soins implique pour chaque médecin de participer à un rôle de garde et de ne pas compter ses heures de travail, avec une multitude de risques personnels, en particulier médico-légaux. »
Risque de perdre des médecins
L’AFMC s’inquiète également d’un autre aspect de la réforme : la suppression du déconventionnement partiel. « Celui-ci permet aux hôpitaux de conserver, au sein de leurs équipes, de nombreux spécialistes. Dans le cas contraire, ceux-ci pourraient se replier soit vers une pratique exclusivement privée (extrahospitalière), soit quitter la Belgique pour aller travailler dans des conditions plus favorables à l'étranger. En tant que responsables de la continuité des soins, nous ne pouvons rester indifférents à cet aspect. »
Concernant l’action à mener le 7 juillet, compte tenu de l'impact potentiel sur des patients, qui parfois ont dû attendre de longs délais pour être pris en charge (délais qui ne feraient que s'accroître si les mesures envisagées sont mises en place telles quelles), les médecins-chefs proposent plutôt une action symbolique et de sensibilisation de la population. « Chaque médecin est bien évidemment libre d'agir sous la forme qu'il considère la plus utile, notamment celle d’une grève. Il faut maintenir un dialogue entre les autorités publiques et les représentants des médecins afin d’éviter toute rupture qui, indirectement, se retournerait contre les patients via un système de déconventionnement massif ou par un passage à une médecine à deux vitesses. Notre préoccupation première, en tant que médecins-chefs, restera toujours les patients. Nous voulons tirer la sonnette d'alarme sur la mise en danger des hôpitaux qui serait la conséquence directe de ces mesures et dont, in fine, les patients, toute la population, en seraient les victimes. »