L'Open Vld et le Vlaams Belang, dans l'opposition, mais aussi les partenaires de Vooruit dans la majorité fédérale (CD&V, MR, Les Engagés et N-VA), ont critiqué jeudi les réformes envisagées par le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke pour limiter les honoraires des médecins non conventionnés.
Le vice-Premier ministre Vooruit a annoncé la semaine dernière un plafonnement des suppléments d'honoraires des médecins non conventionnés. Cette mesure s'inscrit dans le cadre d'une réforme plus large, qui doit entrer en vigueur en 2028 et qui réserve notamment certaines primes aux médecins adhérant aux conventions.
Les syndicats de médecins ont fait part de leur mécontentement et menacent même de partir en grève. Cette grogne a été relayée par plusieurs députés, y compris de la majorité, jeudi en séance plénière de la Chambre.
"Il est inacceptable qu'un conflit dégénère aujourd'hui au détriment des patients", a déclaré Nawal Farih, cheffe de groupe CD&V. Selon Frieda Gijbels (N-VA), Frank Vandenbroucke prévoit des mesures "qui ne figurent pas dans l'accord de gouvernement". Daniel Bacquelaine (MR) a formulé la même remarque. "Ce n'est pas acceptable. Jamais les prestataires de soins ne se sont sentis aussi méprisés. Le manque de concertation, l'opacité des décisions, et les mesures technocratiques prises sans ancrage dans la réalité de terrain, soulèvent une vague d'inquiétude légitime", a ajouté le libéral, appelant le ministre à "changer de cap". Pour Jean-François Gatelier (Les Engagés) "de grandes réformes ne peuvent être imposées sans consultation. (...) La politique ne consiste pas à enseigner, mais à tirer des leçons".
Dans sa réponse, Frank Vandenbroucke a rappelé que le gouvernement Arizona procédait à des réformes "qui demandent des efforts à tout le monde": chômage, marché du travail, pensions, mais aussi dans la santé. De nombreuses consultations ont déjà eu lieu, a-t-il ajouté. "Nous nous y préparons depuis près de trois ans. Des groupes de discussion avec de nombreux médecins spécialistes sont en cours". De nombreuses consultations auront également lieu l'année prochaine, a-t-il aussi dit. L'accord de coalition stipule toutefois que les textes doivent être prêts d'ici fin 2025. "Nous allons nous efforcer d'y parvenir", a indiqu&e acute; le socialise.
Selon le ministre, il n'est en aucun cas question de "médecine d'État". "L'indépendance des médecins, la liberté thérapeutique, ne changent pas. L'objectif est d'éviter les excès. Comment justifier qu'un supplément pour un accouchement s'élève à 700 euros dans un hôpital et dans un autre à 2.200 euros ? Une appendicite 450 euros, et dans un autre 3.500 euros ? Il faut des accords en la matière."
Le ministre a encore rencontré les organisations de médecins. "J'ai pu clarifier certains points spécifiques sur lesquels il existe des ambiguïtés ou des malentendus. Le débat sur cette réforme doit encore être mené sur le fond et il le sera, avec tous les acteurs de terrain concernés", a-t-il indiqué par communiqué.
Il a été convenu que les organisations de médecins lui transmettent par écrit leurs critiques et leurs propositions d'ici au 20 juin, en vue de la réunion du Comité de l'assurance de l'INAMI du 23 juin. Le but est que la concertation informelle entamée précédemment puisse déboucher sur une concertation formelle et structurée, selon Frank Vandenbroucke.
Tous les prestataires de soins et toutes les mutualités sont représentés au Comité de l'assurance. "L'avis ou les avis qui en ressortiront seront importants comme point de départ pour la concertation et les négociations au sein du gouvernement avec les acteurs."
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