« Nous allons rendre le système de santé plus efficace » (Benoît Collin)

Après 100 jours de gouvernement Arizona, Benoît Collin, administrateur général de l'Inami, fait le point sur les récentes évolutions et les dossiers importants pour l’avenir. Il revient aussi sur les objectifs en matière de santé.

Récemment, le Conseil général de l’assurance soins de santé (CGSS) de l’Inami a reçu l’avis de la Commission pour les objectifs en matière de soins de santé (COSS), qui propose huit axes prioritaires, dont deux transversaux, pour guider la politique de l’assurance soins de santé au cours de la prochaine législature. « Il y a eu huit propositions d'objectifs prioritaires et finalement le Conseil général a retenu trois objectifs prioritaires et deux objectifs prioritaires transversaux importants : le traitement et l’échange des données, le data driving (données probantes, scientifiques…)…. avec un objectif principal d'améliorer l'efficacité des soins et du système de santé. Grâce aux données, on peut améliorer la décision et l'évaluation des mesures soutenues par une analyse scientifique et l’evidence based (EIPM Evidence Informed Policy Making soutenue par l’OCDE et l’OMS) », explique Benoît Collin. 

Cette politique a-t-elle été mise en place parce que les soins sont actuellement inefficaces ? « Je ne dis pas que certains soins sont aujourd'hui inefficaces, mais nous devons avoir une culture de l’évaluation quand une mesure est décidée. Au niveau décisionnel, faire en sorte que toutes les décisions de la CTM ou de la CRM ou d'autres commissions soient basées sur des éléments probants. Nous voulons des soins mais aussi une gouvernance du système efficace. Quel est l'objectif de la mesure? Il faut avoir des indicateurs dès le départ pour se dire comment on va évaluer si on atteint le résultat. »

Cette nouvelle « philosophie » pourrait s'appliquer à des débats comme la garde ou la gestion des urgences dans les hôpitaux. « La volonté est que derrière chaque décision, il n'y ait pas seulement une sorte de lobbying des uns et des autres, mais vraiment une réflexion sur l’impact et le résultat », soutient l’administrateur délégué de l’Inami. 

Orienter les budgets

Benoît Collin estime que ce nouveau modèle ne va pas demander spécialement des moyens supplémentaires, mais qu’il faudra peut-être orienter les budgets. « Aujourd'hui, on a chaque année la norme de croissance qui augmente les montants possibles par rapport à l'index. On peut décider de consacrer une partie de la norme de croissance à des mesures qui vont rencontrer les objectifs prioritaires.»

L’Inami va également devoir changer son mode de fonctionnement. « Nous allons devoir travailler autrement dans les commissions (médico-mut…), dans les organes. C’est d’ailleurs prévu par la loi sur les objectifs de soins de santé, que ces objectifs servent de socle obligatoire pour les prochains accords des diverses commissions ou propositions annuelles du comité de l’assurance. Chaque organe de concertation et de gestion devra démontrer comment il contribue aux objectifs prioritaires et aux résultats attendus, et ce à côté d’autres mesures proposées dans d’autres domaines. »

Pourquoi ce nouveau système n’a-t-il pas été mis en place plus tôt? «Il y a une maturité maintenant. Il y a aussi un contexte budgétaire qui le permet ou qui pousse un peu plus quand même à valoriser les moyens disponibles. On doit essayer de faire en sorte que l'argent qu'on reçoit soit valorisé au mieux. Cela rejoint la déclaration du ministre Vandenbroucke : « Pas plus d'argent pour la santé, mais plus de santé pour l’argent. » »

Et d’ajouter que les mutuelles sont responsabilisées directement dans le cadre de l'accord de gouvernement notamment au niveau des frais d'administration variables. « Elles ont des objectifs clairs et contraignants à atteindre.»

Quid de l’accessibilité aux soins ? « L’accessibilité est un des trois objectifs prioritaires retenus par le Conseil général. Soutenir l’accessibilité ouvre un chantier assez large, pas seulement l'accessibilité financière, mais vraiment aussi le bien-être des professionnels en gérant les pénuries, en sachant que moins il y a de personnes, plus la charge est lourde. A quoi servent des soins de qualité s’ils ne sont pas disponibles à un tarif abordable dans un délai et une proximité raisonnables ? », interpelle le patron de l’Inami. 

> Lire l’intégralité de l’interview dans Le Spécialiste N°236

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