Action syndicale contre 6 licenciements "infondés" aux CHU de Brugmann et Saint-Pierre

En front commun syndical, la CGSP et la CSC ont organisé jeudi midi, devant l'hôpital Brugmann à Laeken, une action pour exiger la réintégration de six employés des ressources humaines des centres hospitaliers universitaires (CHU) de Brugmann et Saint-Pierre, récemment licenciés. Les syndicats estiment que leur licenciement s'est opéré sur base "de faux motifs".

Plus d'une septantaine de personnes se sont réunies, dès 12h00, devant l'hôpital. "Nous exigeons le respect des droits fondamentaux de chaque travailleur à être entendu et à pouvoir se défendre", ainsi que "l'annulation immédiate des procédures de licenciements de nos coll&egra ve;gues du service des RH", a déclaré la secrétaire régionale de la CGSP Bruxelles, Carine Rosteleur.

Le 20 octobre, les deux syndicats ont appris les congédiements "à la chaîne" de quatre travailleurs du service. Cette semaine-là, un cinquième employé avait déjà reçu une proposition de licenciement dans les mêmes conditions, c'est-à-dire convoqué par mail, la veille vers 19h00, en vue d'un entretien dans la matinée, selon les délégués. Quelques heures plus tard, ces derniers apprenaient qu'une sixième travailleuse, en incapacité de travail, venait d'être licenciée.

"J'ai reçu un mail le 19 octobre, à 19h00, sans précision quant à l'objet de la convocation", a raconté auprès de l'agence Belga une employée, travaillant pour l'hôpital depuis six ans. "Le lendemain matin, j'étais dans le bureau du DRH, qui me demandait de signer une proposition de licenciement, dont l'un des motifs était 'Madame X interpelle le manager sur la non-validation de ses heures supplémentaires du mois de mai'. L'ensemble des motifs qu'ils m'ont présentés étaient infondés", a-t-elle dénoncé. "Il s'agit d'une injustice et d'une incompréhension tant professionnelle qu'humaine. L'une de mes collègues, licenciée elle aussi, est isolée avec trois enfants à charge", a-t-elle ajouté.

"La direction s'assied sur les droits les plus élémentaires des employés", ont dénoncé les deux syndicats dans un communiqué. Ils rappellent que les travailleurs ont droit à "l'audition préalable", qui prévoit qu'avant toute décision, l'employeur a l'obligation légale d'entendre le membre du personnel pour lequel il envisage une sanction de licenciement. Celui-ci a en outre le "droit à la défense", comportant un délai d'annonce "raisonnable" pour lui permettre de se préparer.

Les syndicats pointent également le fait que la sanction doit "correspondre à la gravité des faits" et être précédée d'une "procédure constructive" (incluant avertissement oral, écrit, évaluation, formations, etc.), comme le requiert l'engagement pris par l'employeur des deux CHU en 2016.

Ces avis de licenciements s'inscrivent dans un contexte de tensions au sein du service. Depuis plusieurs années, les employés interpellent la direction sur le malaise ressenti au travail, affirment les syndicats. Ils se plaignent notamment d'une réorganisation du service "sans concertation avec les travailleurs directement concernés, ni avec les organisations syndicales", d'embauches de plus en plus nombreuses de consultants, "ce qui ne participe pas à la stabilité nécessaire dans le département", ou encore d'un climat de travail de "crainte et de défiance" depuis l'arrivée de la nouvelle hiérarchie en mars dernier. 

En réaction à ces conditions de travail, de nombreux courriers interpellant les DRH avaient été adressés par les syndicats, et une analyse de la charge psychosociale leur avait été demandée. Une plainte collective avait aussi été déposée, "sans que la direction n'en informe les membres des Comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT), ni ne mette rien en place", a ajouté Carine Rosteleur. "La réponse des directions face à cette plainte collective a été d'envoyer six licenciements infondés afin d'installer un climat de peur, avec comme message pour les 53 travailleurs restants : 'si vous vous plaignez, vous serez vir& eacute;'", a-t-elle accusé.

Un recours a par conséquent été déposé par les organisations syndicales. "Dès leur retour de vacances, les directeurs généraux prendront une décision sur base d'un avis rendu par la commission en charge du dossier. Si ces licenciements sont validés par les DG, il n'y aura plus de respect de la part des travailleurs envers la direction", a prévenu la secrétaire régionale de la CGSP.

Celle-ci a par ailleurs annoncé une prochaine action syndicale le 9 novembre prochain.

La direction des ressources humaines des CHU Brugmann et Saint-Pierre, contactée par Belga, n'a pas souhaité réagir.

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Derniers commentaires

  • Harry Dorchy

    02 novembre 2023

    Il est évident qu'il faut séparer les pouvoirs. Les politiciens et les hospitalo-administratifs (de plus en plus nombreux, souvent très coûteux, à charge des honoraires médicaux, nommés politiquement et pas obligatoirement avec les diplômes ad hoc) sont de plus en plus influents dans les coupoles hospitalières qui privilégient la rentabilité financière à celle de la qualité des soins.

    Le langage témoigne de la déshumanisation administrative. Antérieurement on parlait du Service du Personnel; maintenant on a un Directeur des Ressources Humaines (abrégé en DRH). Le terme « ressource » désigne la mise en valeur d'un capital, dit naturel (ressources minérales, énergétiques, ressources en eau, ressources forestières) ou encore matériel (machines, etc.), exploité par une société donnée à un moment donné dans le but de créer des richesses. MAINTENANT, L'HOMME OU LA FEMME SONT ASSIMILÉS À CE CAPITAL DIT NATUREL OU MATÉRIEL.

    Enlevons quelques couches de la lasagne politico-administrative hospitalière et les économies financières suivront, avec un plus grande efficacité des soins hospitaliers & une plus grande humanité... REINSTAURONS LE SERVICE DU PERSONNEL!