"Les réseaux et les nouvelles technologies vont amener une réduction des pratiques médicales inutiles ou inappropriées" ( P.D'Otreppe)

Le festival « Imagésanté » va présenter à Liège un regard croisé entre le cinéma, la science et la santé. Le 27 mars de 13 à 14 h, une conférence sur l’hôpital de demain face aux nouvelles technologies aura lieu avec Virginie Bay, Infirmière Cheffe de Services au CHU de Liège, Paul D’Otreppe, Président de l’Association belge des directeurs hospitaliers et Pierre Gillet, directeur médical du CHU de Liège et professeur en santé publique à l’ULiège. 

Un enjeu majeur 

Pour Paul d’Otreppe, président de l'Association belge des directeurs hospitaliers (ABDH).et directeur général des cliniques Saint-Luc à Bouge, « la transformation digitale fait partie des trois éléments majeurs de la transformation vers l’hôpital de demain avec la réforme du financement et l’évolution des structures (réseaux) qui sont en cours actuellement.  Cela fait deux ans que nous travaillons en collaboration avec Be Med Tech et Agoria sur ce sujet qui est basé sur l’expérience des différents directeurs d’hôpitaux et de l’industrie»

Les directions des hôpitaux sont conscientes des enjeux : « Au niveau de l’ABDH, nous soutenons la dynamique de l’e-santé. Nous sommes attentifs à l’évolution des biotechs et de la création de startup. »

Les médecins vont devoir évoluer

Au quotidien dans l’hôpital, selon lui, « les médecins sont face à une vraie révolution. Le Big Data et l’intelligence artificielle peuvent aider à l’amélioration du diagnostic, ils peuvent aussi permettre de poser des questions plus précises dans le dialogue avec le patient. Cela va doper les capacités d’analyse du médecin. Mais il restera évidemment à tout moment le seul juge dans sa décision face au patient. »

Cette évolution ne se fera pas sans lui : « Il est essentiel de définir l’hôpital du futur autour du médecin, de l’infirmière et du patient. Ils auront surtout besoin de toutes les innovations possibles mais ils n’auront plus nécessairement besoin des murs avec l’hôpital virtuel (télémédecine). On doit penser à trente ans quand on définit l’hôpital de demain. C’est pour cela qu’il faut bien réfléchir avant de transformer ou de construire un hôpital. Quelle sera sa taille dans le futur et ses interconnections avec les patients à domicile ou en transit pour des soins connectés ? »

Un médecin qui gagne en équipe

Un aspect important de la révolution de l’e-health se gagnera en équipe pour le médecin. « Il restera au centre des priorités mais devra, pour certains, apprendre à travailler mieux en équipe. Les nouvelles technologies vont induire une médecine de groupe et le médecin devra aussi appendre à mieux gérer sa communication. Il est celui qui permet au patient de rester « connecté » avec cette médecine hyper technique » 

Inévitablement selon lui, « l’addition de la mise en place des réseaux et des nouvelles technologies va amener une réduction des pratiques médicales inutiles ou inappropriées. Certains médecins en ont déjà conscience. Ce sera une bonne chose tant pour eux, que pour les patients que pour les hôpitaux. »

Le bon exemple des technologies compréhensibles

En matière de nouvelles technologies embarquées, Paul d’Otreppe pense, au projet  « Move Up ». « C’est un bon exemple parce qu’il part de soins spécifiques au patient (hanche et genou) et que cela permet de faire des examens en moins, qu’il y a un remboursement et que cela consomme moins de consultation. Avec un tel schéma, nous pouvons tant au niveau de l’INAMI que des hôpitaux voir l’avenir avec une dynamique intéressante. Tout le monde est gagnant : les médecins, les finances de l’hôpital, les finances de l’état et le patient. »

Pour lui, « cela amène aussi une réflexion essentielle pour tous les concepteurs d’e-health : les technologies doivent être faciles à comprendre et à utiliser. »

L’hôpital des données et le cloud

Ce nouvel enjeu transformera l’institution hospitalière : « L’hôpital du futur se traduira par une équation qui sera composé de moins de m2 mais contiendra beaucoup plus de données.  Nous devons intégré cet aspect le plus rapidement possible d’autant plus que nous ne sommes pas encore au somment de la vague... »

Il prend un exemple, la sécurité. « Aujourd’hui, les hôpitaux sont en retard. A notre niveau, on réfléchit actuellement à passer l’hôpital en cloud pour protéger nos données. C’est la meilleure façon de lutter contre le rançonning.»

Cela aura un impact financier : « L’E-santé va permettre une réduction des coûts dans les hôpitaux. Nous aurons moins d’actes inutiles. Dans certains domaines, les budgets seront réduits de moitiés ou supprimés...et utilisés ailleurs. Certains examens de prévention pourraient être faits sur les lieux de travail ou en ligne. Ce sera aussi sociétalement parlant, une magnifique opportunité pour pouvoir atteindre les patients les moins favorisés. Cela va aussi avoir un impact grandissant sur la silver économie. Médicalement tous les secteurs vont être concernés... »

La Belgique en retard 

Aujourd’hui, le temps presse pour réaliser au mieux cette transformation : « On pourrait déjà être plus loin. On ne sent pas une véritable pression politique...alors qu’il faut clairement un chef d’orchestre dans cette réforme. On est si l’on compare, très en retard par rapport à Singapour. On a les moyens de mettre en place ces hôpitaux du futur mais il faut la volonté. Il faut aussi qu’on mette échéances aux acteurs sur un calendrier pour faire avancer les réformes. Maggy De Block l’avait, elle, bien compris pour les réseaux »

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