Les médecins libéraux français en grève : entre revendications salariales et annulation d'un projet de loi

Un vent de rébellion souffle sur la médecine libérale en France où les cabinets des médecins libéraux se sont vidés ce vendredi 13 octobre 2023, une date minutieusement choisie puisqu'elle précède de peu l'examen de la loi Valletoux par le Sénat français, malgré un léger retard dans le calendrier. Cette loi, destinée à « améliorer l'accès aux soins » sur le territoire français, est sous le feu des critiques des syndicats de médecins libéraux qui la perçoivent comme une « suradministration écrite par des bureaucrates ».

Les médecins, unis dans une « intersyndicale historique », ont appelé à une grève reconductible, assumant le risque de créer une crise sanitaire, afin de faire valoir leurs revendications. L'ampleur du mouvement est historique, regroupant non seulement des médecins généralistes et spécialistes, mais aussi des anesthésistes, urologues et divers syndicats de spécialistes, ainsi que des étudiants et internes en médecine.

Il s'agit d'un mouvement protéiforme avec deux principales revendications :

  1. Réouverture des négociations conventionnelles : La première est la réouverture urgente des négociations conventionnelles avec la Sécu, les médecins exigeant une revalorisation du tarif des consultations, jugée nécessaire mais faisant débat entre les différents syndicats. La tension monte autour de la hausse de 1,50 euros décidée par le règlement arbitral, une augmentation qui sera effective dès le 1er novembre prochain. Celle-ci est perçue comme nettement insuffisante au sein de la communauté médicale. Néanmoins, des divergences marquées se dessinent entre les syndicats au sujet de la revalorisation des honoraires. Tandis que certains, comme l'UFML, le SML et le FMF, revendiquent une consultation à 50 euros, d'autres, à l'image de MG France et la CSMF, envisagent un compromis à 30 euros. 

  2. Opposition à la loi Valletoux : La seconde est l’opposition frontale à la loi Valletoux, laquelle, tout en ne réinstaurant pas de contraintes d'installation stricto sensu, réorganise l’offre de soins sur le territoire d’une manière jugée coercitive par les médecins.

La loi Valletoux: une épine dans le pied des libéraux

La Loi Valletoux, du nom du législateur, prévoit une amélioration de l'accès aux soins, mais est considérée par les praticiens comme une menace pour leur autonomie professionnelle en terme d'installation et semble ouvrir la voie à des mesures contraignantes, notamment en termes de gardes . Elle rétablit la garde obligatoire pour les cliniques. Les établissements privés participent de manière marginale à la permanence des soins en établissements, qui est portée à 87 % par l’hôpital public. Dorénavant, ils seront aussi responsables et devront s’organiser avec l’hôpital pour les permanences du soir et des week-ends, pour l’accès à la chirurgie, l’imagerie, aux grands équipements… 

Solidarités et tensions à travers les syndicats

Le mouvement de grève a été soutenu par la majorité des syndicats réprésentatifs du secteur, démontrant une solidarité remarquable dans le secteur de la santé. Toutefois, si un front commun semble se dessiner contre la loi et pour une revalorisation des tarifs, des dissensions apparaissent également sur les montants revendiqués par les différents syndicats.

Vers quelle issue ?

Ce mouvement de grève marque-t-il un tournant dans les négociations entre les professionnels de la santé et l’État français ? Le Dr Marc Rozenblat, secrétaire général adjoint du SML, affirmait que les médecins étaient prêts à maintenir la grève "jusqu’à Noël". Ce bras de fer annonce des jours complexes pour le système de santé français et la satisfaction des revendications des médecins semble être une partie délicate à jouer pour le gouvernement français.

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