Sécurité du patient à l’hôpital: la Belgique ne fait pas si mal

Ce dimanche était la Journée mondiale de la sécurité des patients. A cette occasion, l'OCDE publie un rapport qui reprend les résultats d’enquêtes menées dans plusieurs pays membres. Ce rapport tente d’évaluer le niveau d’engagement des patients dans la sécurité des soins. Il émet des recommandations clés pour renforcer cet engagement. 

La crise du COVID a suscité des interrogations quant à la participation des patients dans les prises de décision en matière de soins de santé, notamment sur le plan de la sécurité. Il faut bien reconnaître que l’urgence ne laissait guère de temps pour consulter les citoyens. En 2021 et 2022, la Plateforme d’Amélioration continue de la Qualité des Soins et de la sécurité des patients  (PAQS)  s’est associée à Solidaris, à la Mutualité Chrétienne et aux Mutualités Libres (dont Partenamut), pour lancer une enquête auprès des patients sur la sécurité des soins. L’outil PRIM (Patient Reported Incident Measure) a été développé en collaboration avec l’OCDE et en concertation avec des experts et des patients. Il permet à ces derniers de donner leur avis sur les risques, les incidents ou les erreurs qu’ils ont pu rencontrer à l’hôpital dans le cadre de leur prise en charge. En Belgique un bon millier de patients ont rapporté à la PAQS leur vécu en termes d’incidents associés aux soins. 

Les enquêtes menées révèlent qu’environ un patient sur six rapporte des incidents de sécurité. Chez nous, dans une étude concernant l’année 2021, 16,5% des patients ont rapporté des incidents. C’est nettement plus que dans les autres pays mais il est possible qu’il y ait eu un biais de recrutement. Le rapport international révèle que Jusqu’à 8% ont connu des erreurs de médication. Mais la Belgique fait mieux, si on en croit les 4,3% de signalements par les patients pour l’année 2020. Dans la plupart des pays, dit le rapport, la revue de médication au moment de quitter l’hôpital n’est pas encore pleinement opérationnelle. Les seules exceptions sont la Lettonie et les Pays-Bas. Parmi les répondants belges, 85% déclarent avoir bénéficié d’une revue de médication à leur sortie. 

Patients (%) déclarant avoir été victimes d’une erreur de médication en 2020

On n’a que peu de données sur le « retour sur investissement » procuré par l’engagement des patients dans leur propre sécurité, bien que les connaissances à ce sujet progressent. On peut néanmoins dire qu’un engagement de faible niveau est associé à des coûts de santé plus élevés. On ne sait pas grand-chose non plus sur le coût des soins dangereux pour les patients, les litiges qu’ils ont pu entraîner et les indemnités accordées. Le recours à des technologies adaptées peut contribuer à améliorer la situation. Moins de la moitié des pays participants ont déclaré disposer d’un système de compensation, indépendamment de la preuve de négligence ou de faute. La Belgique fait partie des pays qui ont mis sur pied un tel système. 

Environ un tiers des pays de l’OCDE, dont la Belgique, ont mené au moins une enquête comprenant des questions sur le vécu en matière de sécurité des patients adultes ayant quitté l’hôpital. L’OCDE a développé une série de questions visant à harmoniser l’évaluation de la sécurité des soins telle qu’elle est perçue par les patients. Peu de pays utilisent ces questions mais la Belgique en fait partie. 

La plupart des pays impliquent les patients ou les citoyens dans le développement d’actions de sécurité mais à un niveau variable selon les pays et dans un même pays. Presque tous, sauf un, déclarent un plan ou une stratégie nationale de sécurité du patient mais tous n’impliquent pas les patients dans la mise en œuvre de ce plan. La plupart ont également une base légale pour le droit du patient à des soins en toute sécurité mais seule une moitié ont instauré des mécanismes visant à renforcer ce droit.

Le rapport recommande d’établir la confiance dans des soins plus sûrs à travers une implication plus forte des patients et de leur famille. Des moyens financiers pourraient être dédiés à cet engagement au niveau institutionnel et au niveau clinique. Il va même jusqu’à proposer d’institutionnaliser l’engagement des patients et de mettre en place des réseaux d’échange d’expériences en la matière. Le monitoring des incidents et accidents devrait être renforcé et utilisé pour classifier les faits de manière standardisée. La collecte et le traitement des données devraient suivre les recommandations du Conseil de gestion des données de l’ODCE. Les indicateurs devraient être améliorés et utilisés de manière à renforcer la sécurité des patients.

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