Covid et conventions : “les médecins doivent savoir ce que nous avons fait pour eux” (Pedro Facon)

L’Inami publie ce 26 février sur son site une note détaillant les mesures prises en faveur des médecins lors de la période Covid et durant les deux derniers accords . Pour Pedro Facon , “il est important que les prestataires sachent ce que nous avons fait durant la pandémie du Covid pour eux et pour réduire les effets de l’inflation”

Ce document, que la rédaction a pu lire en primeur, a également été distribué aux membres de la médico-mut. Nous invitons nos lecteurs à parcourir ces 11 pages de la note pour estimer si ces mesures rencontrent vraiment leurs attentes.   

 « Il ne revient pas à nous de défendre les choix politiques du ministre de la Santé ou des membres de la médico-mut», commente Pedro Facon, administrateur général adjoint de l’Inami. « Nous constatons qu’il y a parfois un malentendu sur les informations relatives aux décisions qui sont prises et sur la manière dont elles le sont. L’Inami soutient le modèle de concertation, nous ne sommes pas le notaire du secteur. Nous apportons des idées. Et nous essayons de trouver des compromis. L'Inami, en collaboration avec les partenaires, souhaite se concentrer sur la mise en œuvre des mesures contenues dans les accords, et ce le plus rapidement possible. De nombreux budgets sont prévus pour améliorer les conditions de travail des médecins, mais il faut pour cela que les propositions soient élaborées correctement et en étroite collaboration. »

L’administrateur général adjoint souligne également que l’Inami essaye de faire le pont entre les décideurs politiques et les acteurs qui participent au système de concertation (médico-mut, dento-mut…)  « Nous sommes la « colle » qui cimente ces différents acteurs. Dans ce cadre-là, nous trouvons important d’objectiver les faits lorsqu’il y a un débat politique, sociétal et/ou médiatique. Nous avons donc réalisé une note sur les mesures prises en faveur du corps médical pour estimer le travail qui a été accompli et pour le partager avec les membres de la médico-mut et, via notre site internet, vers les médecins. Cette note rassemble les mesures concrètes des 5 dernières années et qui sont le fruit de décisions prises à certains moments. On perd parfois le fil rouge et la vision globale. Ce document permet d’objectiver les discussions.»

Garantir l’accessibilité

« Si on regarde la croissance du budget des soins de santé et la croissance du budget des médecins, elles se situent au-dessus de la croissance économique. En outre, notre système adapte la norme de croissance (2,5% en 2024, NDLR) et l’indexation des honoraires à l’inflation. En tant que représentant de la Belgique lors de discussions au niveau de l’OCDE, je constate que ce système d’indexation des honoraires pour une profession libérale n’existe dans aucun autre pays», soutient Pedro Facon. «En plus, nous venons de changer la législation pour rendre l’indexation des honoraires plus rapide que par le passé. En outre, 100 millions d’euros ont été libérés pour les médecins conventionnés. Lors de la crise sanitaire, nous avons dépensé beaucoup d’argent pour que les professions libérales ne se retrouvent pas sans revenus en finançant des actes qui n’étaient pas encore remboursés (dont 556 millions pour les téléconsultations : NDLR) et pour éviter que les hôpitaux se retrouvent sans liquidités. Ce qui aurait eu également des répercussions sur les revenus des médecins. Pour l’Inami, qui est l’organisateur de ces transferts, il est important que les prestataires sachent ce que nous avons fait durant le Covid et pour réduire les effets de l’inflation. Sans compter les accords médico-mutualistes qui prévoient des investissements de plusieurs centaines de millions d’euros et doivent encore être, pour certaines mesures, exécutés.»

L’accessibilité (financière) aux soins et la délivrance par les prestataires de soins de qualité font partie des missions légales que l’Inami doit assurer. « Dans cette mission-là, nous ne sommes pas neutres et nous souhaitons que tous les prestataires de soins adhèrent à la Convention et n’en sortent pas. Nous souhaitons que ce système fonctionne pour garantir l’accessibilité financière», souligne l’ancien chef de Cabinet de Maggie De Block.          

Pedro Facon et Mickaël Daubie, directeur général des soins de santé, ne cachent pas que cette note est également une réponse à plusieurs articles publiés dans Le Spécialiste et MediSphère – dont la tribune « L’accord 2024-2025 : que choisir ?» du Dr Jacques de Toeuf (Absym) et dans la presse générale (Knack et De Standaard).   

> Lire l'intégralité de la note

> Retrouvez l’intégralité de cette interview dans le prochain journal Le Spécialiste (N°217)  et MediSphere (N°752).        

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Derniers commentaires

  • Jean-Pol Bleus

    10 mars 2024

    Tout à fait d’accord avec les intervenants précédents

  • Charles KARIGER

    01 mars 2024

    Les médecins doivent aussi savoir tout ce que l’on VA faire CONTRE eux :

    « Pour dégager des marges budgétaires, le libéral revient avec l'idée de "contrôler" la croissance des dépenses en soins de santé. Il ne cite toutefois pas de chiffre à cet égard. La norme de croissance en soins de santé a été ramenée à 2% du PIB cette année, au lieu de 2,5% précédemment. »

  • Francois Planchon

    27 février 2024

    Indexer les honoraires, et y ajouter la hausse des charges qui dépasse l'inflation, c'est tout à fait normal : ce n'est pas à présenter comme un "cadeau" ou un sacrifice qui devrait faire taire toute critique !
    Sans cela, de moins en moins de personnes voudront s'investir pour y travailler et le système de santé s'effondrera.

    Pour garantir l' "accessibilité" des soins, et leur qualité, la première chose à assurer, c'est un nombre suffisant de prestataires, et leur renouvellement à temps...
    Présenter l' "INAMI" comme un interlocuteur qui se désolidarise du pouvoir politique est une manipulation des mots, un procédé oratoire très réducteur...
    Et au passage, il oublie que les administrateurs de l'Inami sont des nominations... politiques...

    L'interlocuteur est le gouvernement en entier, y compris ses administrations comme l'INAMI : cela forme un tout !...
    La qualité de vie du corps médical et des soins a été lentement dégradée par la réduction inadmissible des nos INAMI à l'issue des études de médecine, depuis 1991 , si mon souvenir est bon...
    Et si on cherche un exemple, prenons l'allongement des délais pour obtenir un rendez-vous chez les spécialistes : surcharger les prestataires est le meilleur moyen de détruire un système de santé.
    Ces restrictions ont été soigneusement planifiées, SANS projection vers l'avenir, alors qu'une simple pyramide des âges les mettait pourtant en évidence.
    Ces pénuries sont flagrantes, à tel point que même l'importation de médecins étrangers (qui, eux, ne subissent pas de limitations) n'arrive pas à les combler.
    Et quand la crise du Covid les a mis encore plus en évidence, rien n'a changé, sauf un double discours : condescendant d'un côté vis à vis de la profession, des efforts, des pénuries d'effectif... et inchangé de l'autre côté en ce qui concerne la limitation des admissions aux études... qui aurait dû immédiatement être stoppée, et pas timidement 2 ans après...

    2 petites remarques au passage :
    - si on limitait toutes les études et formations au nombre d'emplois disponibles dans chacun de leurs secteurs de l'économie belge, quel serait le nombre d'étudiants sur le carreau ?
    - l'inflation de mandats politiques, et les institutions mises en place pour les justifier, coûtent une fortune à la collectivité... C'est là que part en fumée l'argent des impôts, pas dans les soins de santé...

  • Jean-Claude HARIGA

    26 février 2024

    Je dirais simplement qu'il vaut mieux lire cela que d'être aveugle. L'ensemble du corps des soignants se souvient et se souviendra comment nous abvons étélaissé seuls dans la tourmente.Et ce n'est oas un apparatchik en costiume cravate qui peut se targuer de nous donner des leçons de reconnaissance !