Deux nouveaux indicateurs pour repérer des pratiques de soins inappropriés (Inami)

Deux nouveaux indicateurs permettant de repérer des pratiques de soins inappropriés vont être publiés au Moniteur belge prochainement, indique mercredi l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami). Ils fixent des seuils au-delà desquels une explication sera nécessaire. Une exception reste possible, mais elle devra donc être motivée.

Parmi ces nouveaux "indicateurs de déviation manifeste des bonnes pratiques médicales", le premier vise à éviter les surfacturations d'urgence erronées pour des Imageries à résonance magnétique (IRM) non urgentes en ambulatoire. Concrètement, l'indicateur détermine un seuil de facturation maximale des IRM urgentes en ambulatoire à 5 par 1.000 IRM pratiquées en ambulatoire chaque année. Les suppléments d'honoraires pour les prestations urgentes effectuées la nuit, le week-end ou durant un jour férié, facturés dans le cadre des IRM, le sont souvent à mauvais escient, selon l'Inami. En 2019, le montant pour les suppléments s'élevait à environ 1.000.000 d'euros, dont 87,5% pour les patients en ambulatoire.

Plusieurs analyses ont montré que la plupart de ces suppléments étaient en fait facturés pour des examens IRM programmés et donc sans aucune notion d’urgence. Par ailleurs, actuellement 57 hôpitaux (sur les 82 pratiquant des IRM) respectent déjà le seuil de ce nouvel indicateur.

Cette facturation incorrecte était le plus souvent due à un problème de paramétrage des logiciels de tarification, qui facturaient alors aveuglément un supplément en fonction de l’heure ou du jour de la semaine, sans tenir compte de l’heure et de la date à laquelle l’examen avait été prescrit. De plus, et comparativement au scanner, il y a peu d’évidence scientifique en faveur d’un recours massif aux IRM pratiquées en urgence dans le cadre des soins ambulatoires (patients non hospitalisés).

L’indicateur proposé ne concerne que les prestations ambulatoires, les patients hospitalisés après une admission aux urgences ou les patients qui sont déjà hospitalisés ne sont donc pas concernés . En outre, cela ne concerne que la facturation du supplément d'urgence, et non le nombre d’IRM réalisé. Quiconque a besoin d'une IRM pourra donc toujours l’obtenir.

Le second indicateur délimite un intervalle minimal entre la première consultation et l'intervention chirurgicale d'un chirurgien bariatrique . Désormais, une période minimale de 3 mois sera établie entre la première consultation d'un patient avec un chirurgien bariatrique et l'intervention en elle-même. Pour l'instant, 25% de ces opérations se déroulent au-delà des six mois, 31,7% dans un délai de moins de trois mois et 4,3% sans consultation.

En 2009, dans un rapport concernant l’efficacité, la sécurité et le coût-efficacité de la chirurgie de l’obésité, le KCE avait démontré que « la chirurgie est plus efficace que le traitement conservateur dans les cas d’obésité morbide et d’obésité grave combinée avec d’autres affections. Toutefois, l’opération ne résout pas tous les problèmes et il existe notamment un risque de complications et d’effets secondaires. De plus, pour que son effet soit réel et durable, le patient doit adapter ses habitudes alimentaires et son comportement (p.ex. en faisant plus d’exercice physique) et ce pour le reste de sa vie. Il lui est également demandé de se plier à un suivi médical et nutritionnel, voire psychologique à long terme. Chaque candidat à la chirurgie bariatrique devrait donc être bien informé à ce sujet et recevoir des conseils appropriés, tant avant qu’après l’intervention ».

Le KCE recommandait également un même intervalle d’au moins 3 mois entre la première consultation et l’intervention bariatrique proprement dite, sauf pour des raisons médicales urgentes. En comparaison, en France, la Haute Autorité de Santé (HAS) propose une phase préopératoire d’une durée minimale de 6 mois. En Suisse, les lignes directrices de la « Swiss Society for the Study of Morbid Obesity’s » prévoient un intervalle minimum de 3 mois. Enfin, selon BeSOMS (Belgian Society of Obesity and Metabolic Surgery), un délai de plus de 3 mois est considéré comme trop long.

"Ces indicateurs visent à augmenter la qualité et l'efficacité des soins aux patients en réduisant les risques pour la santé et le caractère inutilement coûteux ou superflu de certains soins", peut-on lire dans le communiqué.

En avril dernier, un premier « indicateur de déviation manifeste des bonnes pratiques médicales », validé par le CNPQ, avait été publié au Moniteur Belge afin de réduire l’utilisation non pertinente de la méniscectomie chez les patients de plus de 50 ans en encourageant les dispensateurs de soins à aligner la pratique de cette intervention sur les directives cliniques.

Ces indicateurs seront publiés sur proposition du Conseil national de promotion de la qualité (CNPQ) de l'Inami, qui approuve un seuil univoque pour "permettre au dispensateur de soins de contrôler objectivement son comportement en matière de prescription et de facturation et de l'ajuster si nécessaire".

> Plus d’infos sur les indicateurs de déviation manifeste des bonnes pratiques médicales

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Derniers commentaires

  • Harry Dorchy

    17 aout 2023

    A QUAND DES MARQUEURS DE QUALITÉ POUR LE TRAITEMENT DU DT1?
    En Belgique, grâce à l’INAMI, le meilleur traitement du diabète de type 1 est accessible à tous sans quasiment de barrière financière.
    En ce qui concerne les enfants et les adolescents DT1 l’INAMI, par la convention spécifique de diabétologie pédiatrique, permet aux enfants diabétiques d’avoir le meilleur encadrement (para)médical, en qualité (spécialistes en pédiatrie et en diabétologie) et en quantité (2 fois plus de personnel que dans la convention pour adultes) pour s’occuper des enfants et des adolescents diabétiques, sans compter la possibilité de se rendre sur les lieux de vie, école ou domicile (1).
    Cette convention, en permettant de donner gratuitement le matériel nécessaire à l’autosurveillance glycémique sans et avec capteur, à l’utilisation ou non d’une pompe à insuline, délivre les familles de postes budgétaires très lourds : de 5.139 à 8.424 €/an et par enfant diabétique insulinodépendant en 2017 (1). Il serait donc logique que le choix d’un traitement onéreux pour la Société puisse être confirmé par une meilleure hémoglobine glyquée (avec un moindre risque de complications) et un meilleur bien- être, ce qui n’est pas toujours le cas.
    Comme des études multicentriques, même celles réalisées dans des pays développés sans restriction financière, montrent que le traitement du diabète de l'enfant, de l'adolescent et du jeune adulte est en général inadéquat et que les taux d'HbA1c sont très différents, les équipes de traitement du diabète doivent explorer individuellement les raisons de l'échec, sans aucun préjugé ni parti pris, dans leurs propres centres (2). Le nombre d'injections quotidiennes d’insuline ou l'utilisation de pompes, ne donne pas nécessairement à lui seul de meilleurs résultats. Le simple fait d'augmenter le nombre d'injections d'insuline ou d'encourager le traitement par pompe à insuline ne produit pas automatiquement de meilleurs résultats, bien qu'il puisse offrir une plus grande flexibilité au patient et à sa famille. La clé reste une éducation unifiée par une équipe de professionnels du diabète qui connaissent leur patient et sa famille, travaillent pour éduquer et rééduquer et fixent mutuellement des objectifs connus et acceptés non seulement par toute l'équipe qui prodigue ces soins, mais aussi par le patient et son entourage ou sa famille (3). Tout dogmatisme doit être évité (4). Le coût du traitement par rapport aux résultats doit également être pris en compte.
    En conclusion, l’INAMI devrait contrôler si les dépenses financières, à charge de tous les Belges, favorisent objectivement une meilleure qualité de vie tant physique que psychologique ainsi qu’une diminution du risque d’hypoglycémies et de complications à moyen et long termes (yeux, reins, nerfs, etc).
    Références;
    1. Dorchy H. Diabètes des enfants et des adolescents. In: Guide du diabète, Association Belge du Diabète (ABD) 2017: 219-265.
    2. Dorchy H. One center in Brussels has consistently had the lowest HbA1c values in the 4 studies (1994-2009) by the Hvidoere International Study Group on Childhood Diabetes: What are the "recipes"? World J Diabetes 2015; 6): 1-7 (DOI: 10.4239/wjd.v6.i1.1)
    3. Skinner TC, Lange KS, Hoey H, Mortensen HB, Aanstoot HJ, Castaňo L, Skovlund S, Swift PG, Cameron FJ, Dorchy HR, Palmert MR, Kaprio E, Robert JJ, Danne T, Neu A, Shalitin S, Chiarelli F, Chiari G, Urakami T, Njølstad PR, Jarosz-Chobot PK, Roche EF, Castro-Correia CG, Kocova M, Åman J, Schönle E, Barrett TG, Fisher L, de Beaufort CE; Hvidoere Study Group. Targets and teamwork: Understanding differences in pediatric diabetes centers treatment outcomes. Pediatr Diabetes. 2018; 19:559-565 (PMID: 29159931/DOI: 10.1111/pedi.12606)..
    4. Cameron FJ, de Beaufort C, Aanstoot HJ, Hoey H, Lange K, Castano L, Mortensen HB. Lessons from the Hvidoere International Study Group on childhood diabetes: be dogmatic about outcome and flexible in approach. Pediatr Diabetes 2013; 14: 473-480 (PMID: 23627895/DOI: 10.1111/ pedi.12036)