Discriminations et micro-agressions : les chirurgiens ORL les plus touchés ?

La diversité, l'équité et l'inclusion sont des éléments importants dans l'environnement de travail des médecins du monde entier. Les Dr Lechien (hôpital EpiCURA – Umons), Dr Kan et Dr Sims ont interrogé 348 otorhinolaryngologues-chirurgiens de la tête et du cou. L’objectif ? Enquêter sur les expériences personnelles et observées de traitement différencié sur le lieu de travail : « Dans le monde de la chirurgie ORL en Europe, il n’y avait aucune étude qui évaluait la discrimination, le racisme, les différences hommes-femmes dans la façon d’être considéré dans le travail. J’ai mené cette étude sur le continent européen et un de mes collègues qui est professeur à Chicago, le Dr Sims, l’a mené sur le continent américain. Comme professeur afro-américain, il s’est toujours battu contre les discriminations aux USA. »  explique le Dr Lechien.

Ce dernier dévoile les premiers résultats de l'enquête : « Dans le monde de l’ORL, il y a une discrimination liée à la couleur de peau. Les chirurgiens non blancs sont plus victimes de discrimination que les autres. Ils ont aussi un taux d’envie de démission plus important. »

Sur le plan européen, « nous avons comparé les données européennes et les données américaines. Nous avons remarqué qu’il y avait des discriminations liées au sexe. En Europe, les femmes sont beaucoup plus victimes de discrimination que les hommes dans le monde de la chirurgie. Par ailleurs, les jeunes chirurgiens et les jeunes chirurgiennes sont beaucoup plus facilement discriminés que les vieux au niveau européen. On remarque aussi que les femmes ont plus envie de quitter leur emploi à cause de cette discrimination quand on leur pose la question...que les hommes. »

Sur les deux continents, les femmes sont plus sujettes aux discriminations et aux microagressions que les hommes. Cette discrimination du genre pousse davantage les femmes à vouloir démissionner de l'hôpital que les hommes. Elles signalent également souvent être confondues dans l'hôpital avec une autre fonction moins qualifiée: «  Quand quelqu’un croise une femme dans l’hôpital, il ne pense pas en priorité que cela pourrait être une chirurgienne, il pense plutôt qu’elle est infirmière ou qu’elle effectue une autre tâche. » ajoute le Dr Lechien.

Les agressions

Cette vaste étude internationale montre aussi les micro-agressions à l’égard des chirurgien(ne)s ORL, en Europe et aux Etats-Unis. Un taux élevé d'agressions est observé, particulièrement lorsque le médecin est une femme, et/ou de couleurs. 

En conclusion, les discriminations observées en Europe se basent davantage sur l'âge, la maîtrise de la langue, la citoyenneté, la texture des cheveux, la taille/le poids, l'habillement et le professionnalisme. Aux Etats-Unis, les proportions de discrimination liées aux convictions politiques, au statut socio-économique et à l'appartenance ethnique sont par contre plus élevées qu'en Europe.

Ce travail a été récompensé à l'échelle Européenne par le Prix DoctorVox Award 

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