Etude Maha: «C'est la chronique d'une catastrophe annoncée » (Gibbis)

« L'étude annuelle Maha de Belfius montre une détérioration dramatique de la situation financière des hôpitaux généraux belges en 2022. Près de 60% des hôpitaux généraux étaient dans le rouge l’année passée. C'est deux fois plus que l'année précédente », commente la fédération Gibbis qui réclame des mesures aux autorités. 

« Près de 60 % des hôpitaux généraux ont un résultat courant négatif en 2022, pour 84% le résultat courant est inférieur à 1 % du chiffre d'affaires. Le secteur dans son ensemble enregistre une perte courante de 181 millions d'euros, alors qu'il vise une rentabilité minimale de 2 % afin d'investir dans l'innovation. 29 % des hôpitaux généraux ne généreront même pas un flux de trésorerie suffisant en 2022 pour rembourser leurs emprunts, soit deux fois plus qu'en 2021 », résume la fédération Gibbis à la lecture de l'étude Maha 2022.

La situation ne sera pas meilleure en 2023. Les hôpitaux qui préparent actuellement leur budget pour 2024 arrivent à la même conclusion pour 2024.

Selon Gibbis, le fragile équilibre financier, dû à un sous-financement structurel historique, a été déséquilibré par de nouveaux facteurs, notamment :

- les mécanismes de financement ne sont pas adaptés pour répondre à la forte augmentation de l'indexation et des coûts de l'énergie.

 - le Bureau fédéral du Plan prévoit toujours une indexation très élevée de 4 % en 2023 et 2024. Cependant, l'indexation des honoraires arrive avec un an et demi de retard.

- seule une partie de l'augmentation des coûts énergétiques est financée.

« L'année dernière, nous avons lancé un appel public urgent pour que soit abordée la question de la santé financière du secteur hospitalier. Nous avons réitéré cet appel le mois dernier dans le cadre des discussions sur le budget 2024. Alors que pendant la crise de Covid-19, le gouvernement mettait tout en œuvre pour soutenir les hôpitaux, aujourd'hui, il ne le fait plus. Je me demande quand le gouvernement va enfin réagir », déclare Dieter Goemaere, Chief Economist chez Gibbis. « Dans ce contexte financier extrêmement difficile, le secteur hospitalier prend ses responsabilités et recherche constamment des gains d'efficacité, sans compromettre la qualité des soins : des économies sont réalisées là où c'est possible, les admissions sont raccourcies, lorsque c'est médicalement possible (-5,7 % en 3 ans) ou remplacées par une hospitalisation de jour (58 % des admissions se sont faites en hôpital de jour en 2022 contre 53,6 % en 2019). Cela reste néanmoins des gouttes d'eau dans la mer. Ce n'est qu'une question de temps avant que le contexte financier n'affecte également l'accessibilité et la qualité des soins »

Investir dans l’avenir

Dans la perspective des prochaines élections, Gibbis demande donc d'investir dans les soins de santé. « La norme de croissance des budgets de soins, hors indexation, devrait être d'au moins 2,5 %. » Et de réclamer aussi des budgets spécifiques pour un plan d'attractivité pour le personnel des soins de santé, le développement durable et le développement technologique comme l'intelligence artificielle, la cybersécurité, la sécurité des données et les coûts de fonctionnement des quartiers opératoires…

« En outre, une réforme en profondeur du financement des hôpitaux est nécessaire pour que les ressources soient allouées efficacement à ceux qui gèrent les coûts. Cela permettrait aux médecins et aux hôpitaux de continuer à investir ensemble dans l'innovation », avance Dieter Goemaere.

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