L'Ordre des Médecins incite les soignants à déclarer les agressions

Il est manifeste que le nombre d'agressions dans le milieu des soins est en hausse. Toutefois, obtenir une image précise de la situation est compliqué, car de nombreuses agressions ne sont probablement pas signalées. Afin de sensibiliser les soignants à l'importance de déclarer ces incidents et de présenter des moyens pour les prévenir et les gérer, l'Ordre des Médecins organise un symposium ce vendredi 20 octobre à Bruxelles.

Les soignants peuvent être confrontés à divers types d'agressions lors de leur exercice. Une étude de 2019 menée par une équipe de la VUB a catalogué ces types et a indiqué leurs fréquences. Sur les 3726 réponses recueillies, un grand nombre ont été validées, reflétant l'inquiétude croissante au sein du corps médical. Durant leur carrière, 84,4% des médecins ont été témoins de tels incidents. Pour 36,8% des participants, ceux-ci ont eu lieu durant les 12 mois précédant l'étude. Les agressions verbales ont représenté 33,1% des incidents de cette année, suivies par les agressions psychologiques (30%), physiques (14,4%) et sexuelles (9,5%). Parmi les co-auteurs de l'étude figurent une fille du Dr Patrik Roelandt, tragiquement assassiné par un patient, et le généraliste Ralph Pacqueu. Ensemble, ils ont fondé l'asbl PRaag (Patrik Roelandt anti-agressie-groep).

Le Pr Christian Mélot, vice-président francophone de l'Ordre des Médecins, note que "le problème réside dans le fait que tous les incidents ne sont pas déclarés. Certains actes de violence physique font l'objet d'une plainte à la police, mais ne sont pas systématiquement signalés à l'Ordre." Concernant les agressions verbales, le Pr Mélot explique : "Il est fort probable qu'un médecin, pris dans le feu de l'action et devant poursuivre ses fonctions, omette de signaler l'incident immédiatement et finisse par négliger de le déclarer." Les agressions numériques, via Internet et les réseaux sociaux, méritent également une attention particulière. "Elles ont des caractéristiques distinctes", remarque le Pr Mélot. "Elles se cachent souvent derrière l'anonymat, et surtout, elles perdurent en ligne, mettant à rude épreuve la résilience du professionnel visé. Cela peut avoir un impact sur son bien-être psychologique et la qualité de ses services."

Il est essentiel d'avoir une image aussi exhaustive et précise que possible de la situation, nécessitant la déclaration de tous les incidents. Faute de quoi, il est ardu de mettre en place des mesures adéquates. Afin de sensibiliser tous les soignants, l'Ordre des Médecins organise un symposium le 20 octobre sur "L'Agression dans les soins". Les chiffres de 2023 indiquent que le nombre d'agressions a déjà dépassé celui de 2022. Diverses situations (services d'urgence, soins infirmiers) seront abordées, et les aspects psychologiques, judiciaires ainsi que la prévention seront débattus. Le Conseil européen des Ordres de Médecins (CEOM) s'inquiète également de cette problématique et a instauré le 12 mars comme "Journée européenne de sensibilisation sur les violences envers les médecins et autres professionnels de santé", symbolisée par le port d'un ruban jaune-or.


 

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