L' H.U.B demande une rétrocession des primes de l'INAMI : la Délégation réagit avec indignation.

La prime de conventionnement de l'INAMI, mise en place il y a quelques mois, avait pour objectif de compenser certains coûts engagés par les prestataires de soins. Toutefois, un récent courrier du HUB de Bruxelles a soulevé une vague de réactions, notamment parmi les médecins spécialistes en formation. Dans ce courrier, il est demandé aux professionnels concernés de reverser cette prime à l’hôpital, sous prétexte que celui-ci aurait supporté ces coûts.

Voici quelques mois, l’INAMI a prévu une compensation par prestataire conventionné pour amortir quelque peu les coûts (personnel, énergie,…) engagés par les employeurs dispensateurs de soins. Des conditions étaient requises pour pouvoir toucher cette prime : être entièrement conventionné (et le rester du 15/02 au 31/12/2023), avoir atteint un seuil minimal de prestations en ambulatoire facturées à l’INAMI en 2023... »
Un courrier du HUB à Bruxelles (signé par Renaud Witmeur, Directeur Général – HUB, Jean-Michel Hougardy, Direction générale médicale – HUB, Anna Groswasser, Directrice Générale Adjointe – Site Laeken – HUB et Francis de Drée, Directeur Général Adjoint – Site Anderlecht – HUB) a été envoyé pour attirer l’attention des médecins sur cette question : « Nous insistons sur le fait que ces primes ont pour but de compenser des coûts et qu’elles doivent dès lors intégralement bénéficier aux institutions qui ont effectivement supporté ces coûts. Si vous rencontrez les conditions requises, cette prime sera prochainement proposée automatiquement via le portail ProSanté. Vous êtes invité.e.s à y enregistrer le compte bancaire de votre employeur, en regard de cette prime."

Les médecins en formation surpris
Cette démarche n’est pas du tout du goût des médecins spécialistes en formation comme l’explique la Délégation des Médecins Francophones en Formation (DeMeFF): « Nous avons pris connaissance, avec grand étonnement, de l’email envoyé au personnel du HUB concernant la prime de conventionnement de l’INAMI, envoyé ce mercredi 6 septembre. Nous lisons avec consternation qu’il est demandé au personnel - et donc aux médecins spécialistes en formation - de renseigner, dans leur espace ProSanté personnel, le compte bancaire de l’hôpital dans lequel ils travaillaient pour la période concernée afin que la prime leur soit versée. L’argument utilisé - fallacieux - est que la prime aurait pour but de supporter l’augmentation des coûts de la vie des structures ayant accueilli les médecins concernés, et qu’ils devraient donc d’office rétrocéder la prime à l’institution les ayant employés. »

Pas de conventions signées
Pour la Délégation, c’est vrai que l’INAMI évoque cette possibilité sur sa page d’information, mais cela doit faire l’objet “d’accords internes éventuels” pour envisager ladite rétrocession. Or, il n’y a, dans les conventions signées avec le HUB, aucune disposition allant dans ce sens. L’email envoyé au personnel est donc trompeur et présente la situation sous un jour qui est - à nouveau - défavorable au travailleur, renforçant dès lors un peu plus la situation de précarité dans laquelle il se trouve. »
Un autre aspect les inquiète : « Nous ne reviendrons pas sur le fait qu’inciter des professionnels de santé à enregistrer sur le portail ProSanté le compte bancaire de leur institution hospitalière mènera invariablement au paiement de toutes les primes auxquelles ils ont droit directement sur le compte des institutions en question. »
Réaction du HUB
Suite à ce courrier de la Délégation, le service communication du HUB rappelle l’objectif de cette prime : « Il est logique que les médecins qui travaillent à 100% et exclusivement pour un hôpital reversent leur prime. Ils ne peuvent recevoir une prime pour une dépense qui n’existe pas chez eux. Pour nous, cela concerne à peu près 1000 prestataires.»
Les hôpitaux universitaires reposent la question du débat : cette décision a-t-elle été prise en tenant compte de leur spécificité ? 

Lire aussi: La prime de conventionnement en question : Vandenbroucke prend position pour les MSF

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Derniers commentaires

  • Bernard Collin

    12 septembre 2023

    même les loups affamés ne mangent pas leurs petits.

  • Jean-Michel SERVAIS

    11 septembre 2023

    Dans un premier temps il est important de saluer la qualité du travail du Prof Dorchy, unanimement reconnue ; on ne peut que déplorer que son équipe ait été sous staffée lorsque l'on reconnaît l'ampleur se son travail.
    Je n'opposerais pas les politiques et les médecins ( ni leurs revenus) dans la mesure où chacun fait son métier.
    Mais il me semble loyal que les médecins en formation, qui n'ont pas la notoriété d'experts ( comme le Prof Dorchy) rétrocèdent (le terme est sot et le prélèvement devrait être automatisé) des "compensations" à l'hôpital qui assure leur salaire ( à moins qu'ils ne rêvent d'être indépendant dès la première année ( sans assurance sociale et sans protection du même nom)). Les vieux comme moi diraient que le l'on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre et encore moins...le sourire de la crémière (sic)
    Dr J.M. Servais ( ULB 1980)

  • Harry Dorchy

    11 septembre 2023

    Il est intéressant de noter que le courrier, demandant la rétrocession de la prime INAMI, envoyé aux médecins par l’H.U.B. est signé par Renaud Witmeur, Directeur Général – HUB, Jean-Michel Hougardy, Direction générale médicale – HUB, Anna Groswasser, Directrice Générale Adjointe – Site Laeken – HUB et Francis de Drée, Directeur Général Adjoint – Site Anderlecht – HUB. Donc tous des administrativo-politiciens mais aucun médecin!
    Il est instructif d’apprendre sur le site « Cumuleo » (baromètre du cumul des mandats; la transparence est le carburant de la démocratie) quels sont les mandats et fonctions des politiciens, ainsi que leurs revenus déclarés volontairement. Exercice pour Renaud Witmeur (PS) directeur général de l’H.U.B.: mandats rémunérés autoproclamés, 258.142 à 273.952 € bruts/an.

  • Harry Dorchy

    11 septembre 2023

    jJ'ai toujours refusé de pratiquer une médecine privée au sein de mon l'hôpital (l’HUDERF qui se veut « universitaire » doit exercer une triple fonction, clinique, enseignement et recherche; ce n’est pas toujours compatible avec une pratique privée dans le même hôpital universitaire) ou ailleurs, alors que j'eus pu le faire en revendiquant les performances en qualité diabétologique reconnues internationalement (Dorchy H. One center in Brussels has consistently had the lowest HbA1c values in the 4 studies (1994-2009) by the Hvidoere International Study Group on Childhood Diabetes: What are the "recipes"? World J Diabetes 2015; 6): 1-7 (DOI: 10.4239/wjd.v6.i1.1). Pour moi tous les patients les plus riches comme les plus pauvres ont droit à la meilleure qualité.

    Pendant des années, l’HUDERF n’a pas attribué, à la Clinique de diabétologie, tout le personnel prévu dans les Conventions de diabétologie avecl’INAMI en fonction du nombre de patients avec un DT1, et pour lesquels un forfait était versé. Lors de ma retraite, nous suivions près de 1000 patients.

    Bis repetita: L' H.U.B demande une rétrocession des primes de l’Inami. In illo tempore, l’HUDERF a fait pareil en empochant directement l'argent versé par l'ULB pour mes charges d'enseignement, car cette activité n'était pas directement "rentable" pour l’hôpital, prétendait la direction, alors que notre activité clinique en diabétologie pour enfants & adolescents diabétiques était la plus importante du pays et que l’équipe était sous « staffée » (voir le § précédent). Ceci n'existait pas l'UZ Brussel, par exemple.