Les conseils médicaux ont désormais leur « syndicat »

L’Association belge des présidents des conseils médicaux a été lancée officiellement ce 20 décembre. Une nouvelle structure qui sera bien utile pour défendre les intérêts des médecins dans les négociations pour la mise sur pied effective des réseaux hospitaliers et les réformes en cours.

A l’initiative de ce projet, en gestation depuis quelques années, le Dr Gilbert Bejjani, vice-président de l’Absym a souligné que l’Association belge des présidents des conseils médicaux (ABPCM) est totalement indépendante de l’Absym Bruxelles, mais que le syndicat médical a mis ses compétences à la disposition de la nouvelle structure pour l’aider à se lancer. « L’Absym ne sera pas présente dans le conseil d’administration de l’ABPCM. Elle pourra uniquement en être membre. J’invite les autres syndicats médicaux à également soutenir cette initiative », a déclaré le Dr Bejjani devant une petite centaine de présidents de conseils médicaux  (CM) qui ont participé, au siège de la KBC ou à distance, à ce symposium inaugural de l’ABPCM.

« Pourquoi l’Absym Bruxelles a-t-elle soutenu la création de cette nouvelle association ? Parce que cela fait longtemps que l’on parle de ce projet et qu’il était temps qu’il se concrétise face aux nombreux changements qui vont transformer le secteur hospitalier : réformes de la nomenclature et du financement des hôpitaux. Le timing est aussi important : fin décembre, il y aura des clarifications importantes sur les rétrocessions des honoraires des médecins. Nous ne pouvions pas choisir un meilleur moment. Il faut que les médecins retrouvent leur place dans le système hospitalier », a déclaré Gilbert Bejjani.

18 compétences  

Jacques de Toeuf, président honoraire de l’Absym, a, fort de sa grande expérience du secteur hospitalier, rappelé lors du symposium l’évolution du rôle des conseils médicaux depuis leur création. Il a également présenté les 18 compétences des CM aux niveaux de l’hôpital et du réseau hospitalier.

Le Dr de Toeuf a participé avec le Cabinet de Maggie De Block à la réécriture de l’article 137 de la loi sur les hôpitaux, qui, dans le cadre des réseaux, privilégie le consensus entre le gestionnaire et le conseil médical plutôt que le système des avis simples et renforcés. «Le  consensus est applicable actuellement au réseau pas à l’hôpital individuel.  Je suis très content de la création de l’ABPCM parce que pour que le réseau hospitalier fonctionne, il faut que chaque conseil médical du groupement accepte de se dépouiller de ses compétences avant qu’elles ne deviennent des compétences du CM du réseau. Cela représente un travail énorme. Les CM locaux doivent se rassembler pour déterminer le projet médical commun et les compétences qui vont être mises ensemble. Dès qu’une compétence sera transférée au CM du réseau, par exemple, l’ouverture de nouveaux services médicaux, les CM locaux n’auront plus rien à dire. Il faut créer la confiance entre les CM du réseau. La seule façon de créer la confiance n’est pas de se souvenir comment on se disputait avant, mais de voir ensemble ce que l’on pourra faire demain pour que la structure fonctionne mieux ! Les réseaux hospitaliers seront le futur de la représentation médicale dans des structures qui seront des grands ensembles immobiliers qui auront des capacités d’investissement considérables dans la technologie, par exemple dans l’intelligence artificielle», avance Jacques de Toeuf.

« Quand on entend le nombre de mauvaises nouvelles qui nous attendent de la part de l’actuel ministre de la Santé publique, il est grand temps que les médecins hospitaliers puissent au niveau du réseau parler d’une même voix, en pouvant négocier de façon consensuelle avec le gestionnaire. Si le consensus ne fonctionne pas, les procédures d’arbitrage pourront toujours être activées. Le pari qui a été fait lors de la rédaction de l’article 137 est celui de l’intelligence, des deux côtés, celui du CM et du gestionnaire. S’il est vrai que le corps médical est souvent conservateur lorsqu’il doit modifier ses habitudes et ses droits acquis, la frilosité aux changements est également grande chez le gestionnaire.  C’est même catastrophique dans certains hôpitaux. »    

Changer la loi

Me Dewallens a dans un brillant exposé pointé 10 lacunes de l’actuelle réglementation sur les conseils médicaux : par exemple, le fait qu’il n’y a pas de procédure pour démettre un président de CM qui serait incompétent ou que la période d’activité d’un CM, de 3 ans, est souvent floue ou ; encore, que l’AR ne fixe pas de disposition lorsque personne ne veut être président du CM. Il a fait quelques propositions pour améliorer la législation. Il a également souligné une situation paradoxale : le médecin hospitalier belge est plus impliqué que ses confrères étrangers dans la politique hospitalière, mais il est moins intégré formellement dans la gestion hospitalière. 

L’avocat spécialisé dans le secteur de la santé a aussi regretté le manque d’incitants pour l’entreprenariat clinique au niveau du corps médical. Il a félicité les membres de la nouvelle association en insistant sur le fait qu’il ne faut pas créer de nouveaux organes mais optimiser le fonctionnement de ceux qui existent déjà. « Il faut corriger les nombreuses anomalies qui se trouvent dans la loi et ajouter des compétences de co-gouvernance aux conseils médicaux. »

Huit volontaires

Le CA de l’ ABPCM compte actuellement huit membres. Alain Bauler (HIS), Charles Chatzopoulos (Chirec), Koen De Decker (Onze Lieve Vrouw Ziekenhuis, Aalst), Nicolas Frusch (Centre hospitalier centre Ardenne), Paul Jonard (CHR Haute Senne), Philippe Devos (CHC), Turgay Tuna (Erasme) et Henk Vanoverschelde (AZ Maria Middelares).

Douze mandats sont prévus. Avis aux volontaires ! Peut-être que quelques consoeurs pourraient s’engager dans l’association pour offrir une certaine parité à cette structure ?  

Lire aussi : J’encourage les CM à affirmer leur nouveau rôle avec vigueur! (J.de Toeuf)

ref_src=twsrc%5Etfw">December 21, 2022

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Derniers commentaires

  • Jacques MAIRESSE

    22 décembre 2022

    Subsidié par KBC! Une honte…. Banque collaboratrice pendant la guerre… flamingante!