Pointeuse dans les hôpitaux : le dossier du fédéral à l’arrêt, celui de la DeMeFF est prêt

Comment mieux contrôler le temps de travail pour les médecins spécialistes  en formation dans les hôpitaux ? Si du côté de la DeMeFF, un travail est mené depuis plus d’un an pour mettre au point un système transparent, peu coûteux ( selon eux) et efficace... on attend toujours la pointeuse qui a déjà coûté plus d’un million d’euros en provenance du Fédéral. 
Du côté de la délégation des médecins en formations francophones (DeMeff) , on se veut très clair depuis des mois : « Malgré nos réserves, nous avons bénévolement soutenu le projet d'un outil fédéral d'enregistrement du temps de travail supporté par un marché public conséquent. Aujourd’hui, nous constatons que l'outil n'est toujours pas disponible ...puisque pour rappel, il était attendu pour cette année académique. »
Pour eux, il y a plus grave : « L'outil qui se profile est insuffisant : il ne répond pas à l'appel d'offre et au cahier des charges annoncés et n'est pas à la hauteur de l'ambitieux budget public alloué. » Selon la DeMeff, il s’agirait d’une adaptation d'une solution pré-existante centrée sur les besoins de gestion RH des hôpitaux et est basé sur une technologie obsolète. » 

Outil dangereux
L’outil serait, selon eux, contre-productif et dangereux : « Il expose à des conflits d'intérêt majeurs, étant développé par un leader de la gestion RH hospitalière comme on peut le lire dans le cahier spécial des charges. En cherchant à motiver le partenaire privé, l'administration confirme donc que son marché public positionne ce dernier en situation d'avantage compétitif exposant à de multiples risques (e.g. monopole, capture réglementaire, rent-seeking, etc.). »
La DeMeFF ne s’est toutefois pas contentée de refuser ce projet. Elle a proposé un nouvel outil : « De notre côté LogDoctor est prêt depuis quelques mois déjà. Nous avons d'ailleurs récemment sorti le white paper de LogDoctor. Par courtoisie/pragmatisme, on avait retardé sa sortie pour laisser une chance au projet du SPF et son budget faramineux. »

Une rencontre avec les autorités

Ils vont prochainement rencontrer M. De Cock : « On a une réunion avec M. De Cock pour l'informer officiellement de la chose. Nous voulons lui expliquer que notre projet est prêt depuis des mois (web et mobile apps, disponibles sur Apple et Google stores) avec des fonctionnalités avancées (monitoring/prévention maladie mentale et bien-être au travail ainsi qu'IA) qui sont en cours de développement. Sa réalisation est la démonstration que l'échec du projet fédéral est... soit le fruit d'une incompétence soit d'un dévoiement des ressources publiques vers des intérêts particuliers. »
Selon la DeMeFF, leur projet a été pensé « pour faciliter la vie de ses utilisateurs en espérant qu'ils adoptent et utilisent celui-ci pour réellement changer les choses. »
Il devrait donc être lancé à la rentrée académique d’octobre. En attendant la DeMeFF va étudier les différentes alternatives/partenariats avec l’industrie et leurs contacts européens comme l’ISNI en France et l’European Junior Doctors....

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    18 aout 2023

    Il y a déjà des pointeuses dans quasi tous les hôpitaux : donner un badge pour comptabiliser le temps de travail n'est pas vraiment un problème... Pourquoi débloquer un budget aussi grand pour créer en parallèle une procédure qui existe déjà ?

  • Jean-Paul MISSON

    17 aout 2023

    Le plus important dans la formation des jeunes médecins n'est pas le temps qu'ils passent à l'Hôpital mais bien de voir ce qu'ils y apprennent et comment ils sont considérés Il serait peut-être temps que certains des seniors et autres patrons de services universitaires et autres relisent le serment d'Hippocrate qu'ils ont presté lors de leur inscription à l'Ordre des médecins. " Je m'engage à participer à l formation de mes confrères et à transmettre mes connaissances aux plus jeunes".
    L'autre élément à prendre en considération est celui de la disponibilité envers les patients qui attendent que l'on s'occupe d'eux avec compétence , diligence et de manière continue. Il serait bon que l'on se rappelle que la médecine est d'abord une profession aux services des patients qui attendent des soins parfois complexes. Les soins ne peuvent être interrompus sur le motif de "j'ai fini mes heures". cela étant il faut bien sûr que les rémunérations tiennent compte de la gravité de la situation clinique bien plus que du temps passé à s'en occuper, même si parfois l'un influence l'autre.
    In fine n'il pas plus moral et même éthique d "investir" dans la santé plutôt que dans le marchandage d'être humain courant après un ballon

  • Harry Dorchy

    17 aout 2023

    Mon commentaire sur les pointeuses pour les médecins date de l’expérience vécue des années 1980, mais n’est peut-être plus totalement d’actualité... En effet, j’ai pu constater, in vivo, une différence de mentalité chez certains médecins (pas tous loin de la) statutaires universitaires qui, spontanément, ne respectent pas leur contrat horaire et ne remplissent pas leur triple rôle: clinique, enseignement, recherche clinique avec publications à la clé.

  • Harry Dorchy

    17 aout 2023



    Historique édifiant de l’imposition de la pointeuse pour les médecins.

    Dans les années 1980, la direction administrative (et politique) des hôpitaux universitaires Saint-Pierre & Brugmann à Bruxelles avait fait installer un système coûteux de pointage obligatoire pour tous les médecins (candidats-spécialistes et spécialistes) jugeant que la plupart des médecins étaient des tire-au-flanc. Les médecins, hors gardes, devaient travailler 44h/semaine statutairement... Alors que les administratifs travaillaient 38h/semaine, sans garde et sans week-end...

    Résultats: les pointeuses ont révélé que la plupart des médecins, a fortiori ceux qui avaient des astreintes de garde (à l’époque, il n’y avait pas de « récupération » le lendemain ni plus tard) comptabilisaient largement plus que 44h/semaine sans compter les gardes, voire jusqu’à 60 à 80 heures pour certains!

    Du coup, dégoûtés par ce fichage à la «Big Brother» orwellien, les médecins, en découvrant leurs performances personnelles sur la pointeuse ont décidé de réduire spontanément leurs prestations à 44h:semaine. La direction administrative a dû enlever les pointeuses...

  • Jean-Luc GALLEZ

    17 aout 2023

    Laboratoire Hôpital militaire (pour les médecins civils)
    Système similaire paiement à la minute
    Permet une grande sérénité entre confrères
    Ce fut une expérience positive évitant les discussions sur la présence ou absence à l’hôpital rémunérées par un forfait mensuel