Sursalaires, primes, conventions,... : les médecins en formation durcissent le ton et mettent en garde

Face à la tension montante entre la DeMeff, Délégation des Médecins Francophones en Formation, et certaines fédérations hospitalières, les médecins en formation durcissent le ton. Rappelant les conséquences d'une précédente grève sans précédent déclenchée à la suite d'une atteinte à leurs acquis, ils insistent sur la nécessité d'éviter que l'histoire ne se répète.  Une mise en garde claire est également lancée : tout hôpital violant le droit belge ou européen fera face à des poursuites.

Après les récents événements avec la direction du HUB, les représentants de la Délégation des Médecins Francophones en Formation (DeMeFF) entendent développer une stratégie claire dans les négociations qui se poursuivent dans le cadre des Conventions Collectives de Travail (CCT). « Nous voulons adopter une transparence totale sur tout le processus, loin de toutes manoeuvres corporatistes. »

La DeMeFF l’affirme : « Nous ne nous contentons pas de prôner la transparence, nous en faisons une exigence éthique et opérationnelle. En assurant une clarté totale sur la renégociation de la CCT, nous visons non seulement à sauvegarder le processus d'amélioration initié par l'INAMI, mais également à servir les intérêts de l'ensemble des parties. »

Le moment choisi n’est pas anodin : « Nous ressentons un soutien du Ministre fédéral de l’Emploi, PY Dermagne, dans notre combat. » 

Le débat avec les hôpitaux

Cette volonté de transparence pourrait, selon eux, servir leur cause en profondeur. Ils prennent un exemple concret : « Nos efforts ambitionnent d'apporter de la lumière là où certaines ombres persistent, notamment lorsque des institutions hospitalières nous font part de lacunes d'information venant de leurs propres représentants que sont les fédérations hospitalières. »

Pour eux, il n’est pas question de « passer sous silence la tentative de certains hôpitaux, membres influents de fédérations hospitalières siégeant au sein de cette commission, de détourner la prime de convention réservée aux professionnels de santé conventionnés afin de la récupérer, usant d’une position d’autorité sur une population déjà précarisée. »

Cette prise de position leur a permis de voir le ministre Vandenbroucke prendre une position très claire : « Nous avons noté la prise de position univoque du ministre Vandenbroucke en notre faveur. Et par ailleurs, ce débat nous a permis d’éclaircir le “mystère” entourant les difficultés de paiement des primes COVID-19 octroyées aux soignants de première ligne il y a de cela quelques mois. »

Plus que jamais, la DeMeff entend ne pas cacher son jeu : ils affirment haut et fort trois axes au moment d’aborder les prochaines discussions : le cumul des sursalaires pour les heures inconfortables et d’opting-out, une simplification et une définition claire des heures d’opting-out, permettant un calcul clair et transparent de la paie associée à ces heures, et la reconnaissance du télétravail, particulièrement durant les gardes appelables, comme un travail effectif méritant rémunération.

La DeMeff a conscience que le combat sera long et d’autant plus s’il est réalisé en toute transparence : « À ce titre, nous pouvons déjà dire qu’il nous a été rapporté que certaines fédérations hospitalières envisagent de contester l'avis du ministre Dermagne sur les sursalaires. En outre, suite à cette annonce, une stratégie de diminution des sursalaires relatifs aux heures inconfortables pour "compenser" le cumul semble être à l'étude. »

Ces nouveaux éléments les poussent à s’interroger face à des attitudes et des habitudes qui entendent freiner toute évolution : « Quel niveau de preuve et de coercition faut-il adopter pour que les fédérations hospitalières se soumettent, enfin, à une interprétation légale qui ne leur sied pas ? Quelle est véritablement la mission portée par certaines fédérations au sein de cette commission sur le dossier de la réévaluation de la CCT ? Leurs actions semblent entraver l'esprit de l'accord visant à améliorer les conditions de travail des MSF. Au lieu de cela, elles révèlent une gestion financière myopique, centrée sur une réduction irrationnelle des coûts immédiats. »

Selon eux, cette approche, non seulement irresponsable sur le plan social mais également économiquement contre-productive, les a conduits à l'impasse financière actuelle. « Il est dès lors impératif que ces fédérations redéfinissent leur mission en adoptant une perspective à la fois durable et éthique, alignée avec les enjeux économiques à long terme du secteur de la santé et du monde actuel. »

Toujours dans cette logique de transparence, une question les taraude : « Cette approche est-elle réellement partagée par toutes les institutions membres de ces fédérations ? »

Transparence et détermination

À ce stade, ils rappellent aussi que « la dernière fois que certains membres des fédérations hospitalières de cette commission ont tenté de bafouer les acquis des MSF, cela s'est traduit par une grève sans précédent. Il serait sage de veiller à ce que l'histoire ne se répète pas. »

Par ailleurs, la DeMeFF a décidé de pleinement soutenir les demandes de leurs collègues flamand, le VASO. « Nous serons intransigeants : les sursalaires doivent être majorés, passant de 125% à 150% et de 150% à 200%, en sus du cumul avec l'opting-out. »

Enfin, elle se dit prête au combat en dévoilant déjà ses armes : « Nous allons mobiliser tous nos leviers — politiques, médiatiques et juridiques, aux niveaux national et européen. La DeMeFF n'hésitera pas à engager des poursuites contre tout hôpital en violation du droit belge ou européen, comme stipulé dans l'avis ministériel. »

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