Caroline Franckx : son bilan après un an comme CEO du CHU Brugmann

Le 1er juin 2021 , Caroline Franckx, 38 ans, devenait la première femme nommée au poste de Directrice générale du CHU Brugmann (Horta, Brien, Reine Astrid). Fille de médecins, ingénieure de gestion de formation avec un master en soins de santé à la Harvard Business School, elle va gérer au quotidien près de 600 médecins et 3000 membres du personnel. Un an après, quel est son bilan ?

Une équipe médicale forte 

« Nous avons d’abord restauré la confiance avec le conseil médical et la direction médicale. Il y a une vraie implication de leur part dans les dossiers de l’hôpital. Les tensions qu’il peut y avoir sur les dossiers des réseaux n’affectent pas la qualité du dialogue et le travail au sein de l’hôpital. »

« Nous voulons recruter des médecins spécialistes pour permettre notre développement dans des secteurs comme l’orthopédie (un poste est ouvert pour recruter un nouveau chef de service), la maternité, la cardiologie, la néphrologie qui est en pleine croissance, l’endocrinologie, la chirurgie vasculaire et digestive... Par ailleurs, nous travaillons sur un plan médical à l’horizon 2025. Un projet de prise de rendez-vous en ligne est également en réflexion. Nous avançons, en outre, sur les masterplans de nos différents sites, avec une vue sur 5 ans. »

Rénovation de plusieurs services

« La rénovation de nos urgences à Horta est une priorité. Il s’agira d’un service d’urgence plus flexible. Nous nous inspirons de ce qui se fait à l’étranger. Notre volonté est que cette rénovation soit effective en 2024. Évidemment, pendant les travaux, nous devrons adapter son fonctionnement pour garantir la même qualité de prise en charge. »

« A Horta, une nouvelle unité de soins en maternité a été rénovée. La crèche (avec inclusion d’enfants autistes) a également subi une profonde rénovation, et une deuxième aile sera inaugurée en septembre. Le mois prochain, le nouveau service de dialyse sera fonctionnel. Il pourra accueillir davantage de patients et leur faire bénéficier des dernières techniques de pointe. 

Sur le site Brien, le 5ème étage a été modernisé, des locaux spécifiques à la kiné y sont désormais disponibles ainsi qu’une nouvelle One Day médicale. 

Sur le site Reine Astrid, la dialyse à domicile se met en place.  

Plus récemment, la Clinique du sport a été créée. Son objectif ? Assurer le suivi médical et paramédical de tous les patients sportifs, quel que soit leur niveau.  Par ailleurs, la Clinique du bilan de l’autisme pour adultes se déploie, en proposant à ces patients un trajet de soins adapté et cohérent, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. »

Etre à l’écoute de nos soignants 

« Nous avons réussi à mettre le collaborateur au centre. Tous les vendredis, les membres du comité de direction vont à la rencontre d’un service ou d’une équipe de l’hôpital. C’est un dialogue franc et enrichissant pour chacun d’entre nous. 
Pour remercier le personnel de son investissement, un barbecue annuel se tient sur chaque site. Avec une originalité : l’équipe de direction et la présidente, Madame Onkelinx, sont aux fourneaux ! Une fois par mois, je prends le petit-déjeuner avec les infirmiers chefs de service. Ce temps d’écoute est essentiel pour réduire les conflits et trouver de nouvelles idées. D’autre part, nous travaillons actuellement sur la ligne stratégique du CHU Brugmann à l’horizon 2025. Ce plan est codéfini avec tous les acteurs hospitaliers. L’une de nos priorités stratégiques est la durabilité. La notion d’hôpital responsable est partagée par toutes les équipes. Cela fait 10 ans qu’on travaille sur ce dossier. »

Cybersécurité et médecine digitale
« La cybersécurité est une priorité. Nous avons dégagé des moyens considérables à ce niveau. C’est une matière étroitement liée à la médecine digitale, nous devons y être très attentifs, notamment pour la sécurité des patients. Nos équipes IT sont très impliquées dans tous ces processus. »
« En matière d’AI et d’e-santé notre équipe de transformation est en place depuis janvier, avec la participation du Dr Giovanni Briganti, sur le volet innovation et l’AI. Le projet « Tentacule » y est développé en collaboration avec nos maisons de repos partenaires : la téléconsultation pour des disciplines comme la cardiologie, la gériatrie, la dermatologie, la psychiatrie et l’ophtalmologie, et les dispositifs connectés (tension artérielle...) permettent d’éviter que les patients gériatriques ne doivent se déplacer inutilement aux urgences ou en consultation à l’hôpital. Nous proposons ce service à distance et voulons l’étendre à toutes les maisons de repos. Au niveau des urgences psychiatriques, nous voulons développer l’AI dans les tâches administratives, comme la prise de rendez-vous ou les habitudes médicales d’un patient. »
Et le dossier patient informatisé ?
« Nous avons un chef de programme commun avec le CHU Saint-Pierre pour réfléchir ensemble à notre futur DPI.  Nous nous concentrons à présent sur l’analyse des besoins qui prendra 6 mois à un an, puis sur l’élaboration du cahier de charge. Tout cela  nécessitera un minimum de 3 ans.  Ce que je voudrais, c'est un DPI identique pour toute la Belgique. Un outil trilingue aux normes belges. Tous les directeurs des hôpitaux belges sont d’accord à ce sujet. Ce serait souhaitable pour les patients eux-mêmes, et les médecins. Au niveau du réseau CHORUS, nous travaillons d’ailleurs à une réflexion commune à ce niveau. »
Des solutions face au manque de personnel  
« Nous voulons rappeler l’importance de travailler dans un hôpital public. Nous employons 1100 infirmiers au total sur nos 3 sites. La pénurie s’élève de 90 à 100 ETP infirmiers actuellement. Nous manquons aussi de personnel en imagerie médicale, en gériatrie, au call center,... Par ailleurs, notre directeur général médical vient d’être nommé vice-doyen de la Faculté de médecine de l’ULB. Ce poste est donc actuellement ouvert. »
Redorer l’image de l’hôpital public
« L’étiquette que l’on colle à l’hôpital public n’est plus d’actualité. C’est un hôpital moderne et rénové. Il faut le dire et le faire savoir. « L’hôpital public est de nouveau sexy », comme me l'a dit un collaborateur. Il n’y a pas 10 hôpitaux qui ont une polyclinique comme la nôtre. En juin 2023, nous fêterons nos 100 ans et nous voulons rappeler la force et la qualité d’un hôpital public et des pôles médicaux publics d’excellence...»
«Un hôpital a trois business modèles parallèles alors que typiquement une entreprise n’en applique qu’un seul : il est à la fois un « hôtel » qui doit être rempli au maximum chaque soir et avec des séjours les plus courts possibles ; c’est aussi un grand « supermarché » où l’on fait du shopping médical et, enfin, une entreprise de services qui doivent être irréprochables. 
Peu d’organisations doivent gérer tous ces impératifs de front. En plus, la liste des prix est fixée et nous n’avons aucune marge de manœuvre. Le seul paramètre d’action possible : ce sont nos talents, mais là, le marché est en forte pénurie. 

Ce tableau est donc compliqué. Mon métier est intense, passionnant et il s’enrichit des compétences de toute une équipe dont je suis particulièrement fière. En plus, la médecine digitale est de plus en plus présente.
L’hôpital doit sans cesse se réinventer : devenir plus agile, plus flexible... mais le financement n’est pas adapté. La réflexion sur les évolutions de la nomenclature ne va pas changer drastiquement la situation malheureusement. »
Le réseau CHORUS
« Le réseau CHORUS a été créé. Nous commençons à travailler sur des dossiers de fond comme notamment la chirurgie robotique. Un inventaire des différents agréments est en cours. L’objectif est de réfléchir à des thématiques transversales.

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