Les soins de santé coincés par le manque de bras ?

Dans un entretien accordé au Morgen, Margot Cloet, administrateur déléguée du réseau flamand d’institutions de soins Zorgnet-Icuro, tire la sonnette d’alarme à propos des limitations en matière de soins de santé. Le manque de personnel dans le secteur atteint un niveau critique. 

La pénurie de personnel n’a rien de nouveau. Mais il importe de casser le cercle vicieux, estime Margot Cloet. « Les places vacantes restent vides, on ne trouve pas de candidats et par conséquent tenter de garder le personnel devient la priorité numéro un. Il est de plus en plus évident que c’est la masse de personnel disponible qui deviendra le facteur limitant majeur de l’offre de soins que l’on pourra organiser à l’avenir. La question n’est pas de savoir si nous pourrons payer, mais quel sera notre capital principal : le capital humain »  

La gestionnaire veut mettre un coup d’arrêt à l’aggravation du problème en mettant en place une série de mesures. Il faut notamment redéfinir les tâches attribuées à chaque groupe professionnel, même si cela revient à s’attaquer à un tabou.

« Si nous ne parvenons pas à combler certains manques, nous allons devoir nous limiter », déclare Margot Cloet. Cela reviendra à restreindre l’offre et cela pourra entraîner des conséquences considérables. Il y aura un arrêt des prises en charge dans les maisons de repos et de soins, avec quasi automatiquement une surcharge des services de gériatrie des hôpitaux. Des patients ne pourront plus trouver de médecin généraliste et iront vers les services d’urgence. Si on ne canalise pas la contraction de l’offre, ce sont les plus fragiles qui en paieront les conséquences : les moins autonomes, les moins nantis, ceux qui ont le plus difficilement accès au système de santé.

Devant les choix difficiles qui s’annoncent, Margo Cloet plaide pour un débat éthique préalable afin d’établir un cadre car il y a un risque de grande précipitation dans l’urgence. « On pourrait raccourcir les vacances et limiter la pause-café : cela fera grincer des dents.  Mais ne pas avoir d’accès direct à un généraliste ou bien voir pour la troisième fois son intervention reportée crée un sentiment de mauvais traitement, tant chez ceux qui ont besoin de soins que chez ceux qui les prodiguent. » 

La volonté de Zorgnet-Icuro est dès lors d’ouvrir le débat. Le spectre des fermetures est d’ores et déjà bien présent. 

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    14 juillet 2022

    Il est surréaliste que le gouvernement refuse de faire le lien avec la limitation, par no Inami ou examens-concours de nombre d'étudiants en médecine et dentisterie...

    Il est tout aussi désespérant que la profession n'organise pas un recensement précis des besoins non satisfaits à un instant donné, en y ajoutant le planning des départs prévisibles (pension et statistique des décès) : a ce moment, les organisations professionnelles disposent de chiffres précis opposables aux arguments budgétaires, le tout sans oublier qu'un patient mal soigné ou soigné en retard revient plus cher à terme...

    Pour terminer, ajoutons qu'on accorde chaque année +/- 1/3 des nos inami, SANS LIMITE, à des médecins étrangers , ce qui est une gifle humiliante vis à vis des candidats étudiants motivés, qui ont réussi un concours sans être classés en ordre suffisant...

    Ajoutons également que ce n'est pas le rôle de la Belgique, ni de ses contribuables, de palier le manque de places en enseignement supérieur en France, ainsi que leur processus de sélection trop restrictif Parcoursup ! Il y a déjà trop peu de places de stages dans nos hôpitaux : réservons-les en priorité à nos étudiants. Un quota de 30% d'étudiants étrangers, c'est encore trop, je crois, surtout quand il y a une limitation des étudiants autochtones aussi stricte que la nôtre.