10 questions à Christie Morreale , la nouvelle ministre wallonne de la santé

Elle est opposée au Numerus Clausus, elle veut  réfléchir sur “ l’agrément des réseaux incluant des hôpitaux universitaires ” et “ privilégier toujours la concertation avant de décider”.Christie Morreale l'ex-sénatrice socialiste liégeoise est devenue ministre wallonne de la Santé et de l'Action sociale. Elle donne ses premières priorités dans une interview exclusive accordée au journal Le Spécialiste

Ministre de la santé depuis un mois, du gouvernement wallon, Christie Morreale, PS, est aussi Vice-Présidente, Ministre de l’Emploi, de l’Action sociale, et de l’Égalité des chances. En 2003, elle est nommée vice-présidente du Parti Socialiste. Si en 2006, elle devient échevine à Esneux en province de Liège, elle devient ensuite sénatrice depuis 2011 et députée régionale en mai 2014 et réélue en mai 2019 . Elle connaît parfaitement le monde des cabinets ministériels puisqu’elle a accumulé de l’expérience pendant 10 ans au sein des cabinets (Vice-Premiere Ministre et Egalité Hommes-femmes, Ministre de la Justice, Ministre wallon de l’intérieur …). Enfin, elle n’a pas hésité à amener avec elle un chien au gouvernement wallon. En effet, très préoccupée par la place des personnes handicapées dans la société, elle et ses enfants se sont engagés dans l’éducation d’une petite chienne d’assistance, Kama, pour deux ans et elle vient au cabinet avec elle.

Que pensez-vous du numerus clausus? La Flandre vient de donner un avis tranché dans son accord de gouvernement. Elle refuse de suivre le quota fédéral prétextant que les francophones ne le respecte pas.

« Je suis opposée au numerus clausus qui est devenu un problème strictement communautaire, qui ne tient pas compte des besoins des populations. D’autres pays, comme la France, sont d’ailleurs en train de le supprimer. »

Et les sous-quotas ?

« La Fédération Wallonie-Bruxelles est compétente pour fixer les sous-quotas des métiers de la santé mais ce sont essentiellement les régions qui ont besoin de « ressources humaines de santé » sur leurs territoires. Une collaboration entre la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Wallonie est donc indispensable pour fixer des sous-quotas basés sur l’estimation des besoins. Je vais en parler avec ma collègue de la Fédération, Valérie Glatigny, pour avancer ensemble sur cette question. » 

Et les réseaux hospitaliers ? 

« J’en profiterai pour aborder d’autres points avec elle comme l’agrément des réseaux incluant des hôpitaux universitaires, la programmation des stroke unit, etc. La question des réseaux est au centre de toutes les attentions et je la suis évidemment. »

Quelle est l’importance pour vous des hôpitaux publics dans ce contexte ?

« Pour moi, l’hôpital public est un hôpital pluraliste qui permet de garantir l’accessibilité universelle à des soins de qualité, sans aucune discrimination. Je soutiens dans l’ensemble toutes les collaborations nécessaires pour répondre au mieux aux besoins des patientes et patients. Tous les hôpitaux seront des interlocuteurs privilégiés. Peu importe le secteur, je privilégierai toujours la concertation avant de décider ». 

Quels sont vos trois grands objectifs en matière de santé?

« Il faut un nouveau modèle wallon de protection sociale, le renforcement de la première ligne d’aide et de soins ou encore la consolidation de la sixième réforme de l’Etat.  Dans ce schéma, la complémentarité interhospitalière,  la pluridisciplinarité, la transpluridisciplinarité, l’articulation entre première et deuxième ligne, les échanges de données, etc. sont des maîtres mots. Le patient doit aussi être au cœur du processus. Je tiens aussi beaucoup à la prévention et la promotion de la santé et je serai vigilante à la santé environnementale, en particulier vis-à-vis des perturbateurs endocriniens avec ma collègue, Céline Tellier, qui est en charge de l’environnement. »

Vous voulez mieux mesurer la santé ? 

« Je pense que nous manquons « d’objectifs de santé mesurables » au niveau belge. C’est d’ailleurs la première recommandation du rapport KCE relatif à la performance du système de santé. A cet égard  une concertation avec l’ensemble des entités compétentes en matière de santé est nécessaire ».

Pourquoi avoir choisi la santé?

« Le Parti Socialiste défend l’accessibilité financière et géographique aux soins ainsi qu’une sécurité sociale forte. Ce sera ma ligne de conduite en tant que Ministre. Par ailleurs, avec la sixième réforme de l’Etat qui a transféré une partie des matières gérées précédemment par l’INAMI à la Région wallonne, il y a un véritable défi à relever :  un système de protection sociale fort pour tous. »

Quelle est l'importance pour vous du recours aux outils d'e-santé ?

« L’informatisation au niveau de la médecine est incontournable. C’est une évolution sociétale majeure qui contribue à améliorer la qualité des soins et qui peut conduire, à terme, à une diminution de certains coûts.  La Wallonie soutient le « Réseau santé wallon » qui a toute la confiance des acteurs et actrices de terrain, ce qui est essentiel quand on parle des données médicales. Il y a aussi le plan e-health 2019-2024 auquel les entités fédérées ont adhéré. Je rencontrerai prochainement le « Réseau santé wallon » pour examiner ensemble les pistes visant à développer ce secteur. »

Quel est votre rapport à la médecine?

« J’ai subi antérieurement une intervention chirurgicale pour laquelle j’ai eu la chance de passer entre les mains de professionnels de qualité. J’ai donc une expérience personnelle positive de la médecine et j’essaie de le lui rendre en donnant régulièrement mon sang ». 

Quel est votre rapport aux médecins spécialistes et généralistes ?

« Deux de mes amis proches sont médecins ainsi que ma Cheffe de cabinet adjointe en charge des matières santé, Yolande Husden. Mon environnement direct est donc assez …médical ! C’est l’un des plus beaux métiers du monde. »

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