Après les manifestations, les MG rencontrent le ministre : vers un apaisement ?

Comme le ministre Vandenbroucke l'avait annoncé,  les représentants des médecins généralistes wallons avaient été invités à une rencontre ce vendredi après-midi. Selon les dires du cabinet « des discussions constructives ont eu lieu concernant le 1733 et l’organisation de la garde. » Pour le cabinet, la rencontre aura permis de clarifier quelques points. Les représentants des généralistes, eux, restent perplexes. Le Dr Elodie Brunel (ABSyM) nous explique pourquoi.

Parmi les griefs opposés par les généralistes au ministre figurait l’intention qu’ils lui prêtaient d’imposer la présence de deux médecins par poste de garde ouvert et une ouverture de ceux-ci à partir de 18h.

Il ne faut pas 2 médecins par poste de garde ouvert, précise le Cabinet. Par coopération fonctionnelle -qui sera en principe composée d’au moins 3 postes de garde- au minimum un poste de garde doit toujours être accessible pendant les heures de garde, càd du vendredi soir 18h jusqu’au lundi matin 8h, et sur base volontaire les jours de semaine de 18h à 8h. Cela signifie qu'un médecin généraliste et un opérateur d'accueil doivent y être présents pendant ces heures. La coopération fonctionnelle garantit également la disponibilité de médecins pour des visites à domicile dans la région concernée, avec l’aide d’un chauffeur prévu à cet effet.  

Comme l’a répété le Dr Guy Delrée en maintes circonstances, cela n’a guère de sens d’obliger une présence à 18h, rappelle le Dr Brunel. A la suite de l’appel du patient, toute une procédure doit s’enclencher (tri, transmission des données par XML, etc.). Il n’est pas utile bloquer, pendant ce temps de procédure, un médecin qui, de surcroît, devrait arrêter plus tôt ses consultations pour se rendre à la garde. « Le ministre n’est pas ouvert sur la question du début de garde à 18h, » commente le Dr Elodie Brunel.  « Quant aux coopérations fonctionnelles, il s’ensuivra que les gardes seront plus chargées mais il est vrai qu’elles seront moins nombreuses », ajoute-t-elle. 

Les médecins craignent aussi que des postes de garde ne soient amenés à fermer. « Il n’en est rien » écrit le Cabinet dans un communiqué, « même pas pendant les nuits profondes. Les coopérations fonctionnelles ont une autonomie de décision quant à leur organisation interne. Un financement lié à ce choix est prévu ». Le ministre a rappelé à la réunion que depuis son arrivée au SPF Santé publique, le budget de la médecine générale a nettement augmenté. Et le Cabinet de poursuivre : « Lundi prochain 3 juillet, une discussion est programmée en Médicomut sur un projet d’arrêté royal relatif au financement des réseaux de coopérations fonctionnelles. Il est question d’investir considérablement dans les postes de gardes des médecins généralistes.

Les simulations montrent que le coût d'exploitation des coopérations fonctionnelles à leur vitesse de croisière serait d'environ 70,5 millions d'euros, soit 22 millions en plus que par rapport au financement actuel, et le triple de l’investissement au début de la législature. » « Mais les médecins réclament aussi une meilleure valorisation des honoraires de garde », dit le Dr Brunel. « Actuellement le tarif est de 7,17 euros/j, ce qui n’est vraiment pas beaucoup. Ce n’est pas modtivant.» 

Des chiffres ont été présentés sur la fréquence des appels entre 18 et 19h en province de Luxembourg. « Le Dr Delrée réclamait ces chiffres depuis des mois » fait remarquer notre consoeur. « Cela fait en moyenne environ un cas par jour », dit-elle. Ces mêmes chiffres, annonce le cabinet, seront bientôt présentés par un collaborateur du ministre aux médecins qui le souhaitent. Mais les représentants des généralistes ont convenu entre eux de collecter leurs propres chiffres pour pouvoir les confronter à ceux du ministre.  

« Le ministre », ajoute encore le cabinet, « partage tout à fait la préoccupation des médecins généralistes : il faut s’assurer de ne voir des patients pendant la nuit profonde que quand c’est nécessaire. C’est pour cela qu’un tri par le 1733 est essentiel et que de tels investissements y sont consacrés. » Mais le ministre a répété ne pas pouvoir accepter une limitation à quatre catégories (grabataire, maison repos, constat de décès, soins palliatifs). Les médecins ont bien perçu qu’il restait intransigeant sur la question de la nuit profonde : « Pas sûr que cela satisfera la base » conclut le Dr Brunel. 

Frank Vandenbroucke dit rester ouvert à la discussion sur les cas du niveau 7 survenant pendant les heures de gardes, ceux dont l’évaluation médicale est nécessaire dans les 12 heures. Le secrétariat du poste de garde pourrait dans ces cas-là fixer un rendez-vous le lendemain matin. Avec les niveaux d’urgence 7, les niveaux d’urgence 6, qui nécessitent un médecin généraliste endéans les 2h, feront d’ailleurs l’objet de discussions dans les semaines à venir. Les directives les concernant seront évaluées et il sera décidé si elles doivent être peaufinées. « Mais de toute façon, il faudra produire un gros travail de formation des médecins généralistes, dont très peu savent à quoi correspondent ces niveaux et quelles procédures leur correspondent » estime le Dr Brunel.

Une prochaine réunion est prévue le 11 juillet, avec une représentation équilibrée des médecins généralistes (3 FR/3 NL). L’objectif est de finaliser ces travaux d’ici octobre prochain. 

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