Hôpital Erasme : grève des infirmièr(e)s des soins intensifs et des urgences 

Aujourd’hui, à partir de 13 h, les infirmièr(e)s entendent se battre pour « le respect du métier d’infirmier spécialisé et leur salaire qui va être amputé à partir du 1er juillet. Le mouvement pourrait s’étendre à d’autres hôpitaux dans les prochains jours. Pour le ministre de la santé, Frank Vandenbroucke, « personne ne sera perdant avec le nouveau système de rémunération (l’IFIC) ». 
Dans les hôpitaux, ces dernières semaines, les tensions sont nombreuses. Après les Médecins assistants en formation, l’annonce d’une autre grève en front commun syndical dans les hôpitaux le 17 mai prochain, ce sont les infirmières spécialisées qui souhaitent être mieux respectées et ne pas perdre une partie de leur salaire.
Concrètement, un premier mouvement de grève commence ce lundi à 13 h à l’hôpital Erasme à Bruxelles dans les services de soins intensifs et d’urgences. Il pourrait s’étendre à d’autres hôpitaux du pays comme l’explique Antoine Dufour, président de la Fédération nationale des infirmiers de Belgique : « Les infirmiers/infirmières spécialisées constatent qu’elles ne sont pas gagnantes avec les nouveaux modèles salariaux proposés (l’IF-IC). La différence salariale est importante. Il y avait déjà eu un courrier faisant part de cette inquiétude le 12 mai dernier adressé au ministre de la santé. »
Cette lettre signée par une centaine d’infirmiers en chef de plusieurs hôpitaux à Bruxelles et en Wallonie soulignait que « depuis septembre 2018, une nouvelle classification de fonctions (IF-IC) avait été mise en place dans les hôpitaux du pays. Ce nouveau système a supprimé de facto la prime fédérale octroyée aux infirmiers spécialisés sans aucune compensation. Les étudiants font donc une cinquième année d’étude en haute école sans valorisation financière ni académique ! » 

La spécialisation n’est plus valorisée

Ce nouveau système de rémunération (IF-IC) sera intéressant pour les nouveaux infirmiers qui gagneront plus que dans l'ancien système. Par contre, les anciens infirmiers sont inquiets et s’attendent à perdre des dizaines de milliers d’euros !
Arnaud Bruyneel, infirmier aux soins intensifs et vice-président de SIZ-Nursing, association francophone des infirmiers de soins intensifs affine le propos : “J’ai une collègue avec 10 ans d'ancienneté qui va perdre plus de 140.000 euros en fin de carrière si elle passe par le nouveau système (IF-IC). Il est inéquitable en fonction des fonctions. On est actuellement loin d’être près d'un accord. Avec le nouveau système, c’est vrai que l’on gagne plus en début de carrière, mais toutes les personnes qui ont fait une spécialisation vont moins gagner....même pour les nouveaux engagés. La spécialisation n’est plus valorisée. Cela ne va pas dans le sens d’une amélioration des soins de santé avec des soignants mieux formés.” 
Elles/ils ne vont rien perdre
Face à cette inquiétude, le ministre de la Santé a répondu à ce courrier comme le précise le cabinet  : « Le ministre a rencontré personnellement les associations professionnelles et les syndicats. Il a répondu à la lettre ouverte. Les discussions se poursuivent... » nous dit-on au cabinet. “Les infirmières ne vont rien perdre. Si elles perdaient quelque chose avec le système (IF-IC), elles pourraient choisir de continuer dans leur modèle de rémunération actuelle qui ne leur occasionnera aucune perte. Dans les deux cas, elles ne seront donc soit dans une situation de “statu quo” soit dans une situation “gagnante”.”
Le cabinet rappelle l’importance du secteur pour le ministre qui a dégagé 400 millions de moyens structurels et 600 millions pour offrir aux infirmières de meilleures conditions de travail et salariales.
Les infirmières pas encore rassurées
Cette réponse à ce courrier est effectivement bien arrivée, mais selon les infirmières, elle n’amène pas de réponse assez concrète.  De son côté, Antoine Dufour, président de la Fédération nationale des infirmiers de Belgique, ne cache pas que le mouvement pourrait s’étendre : « Il faut des réponses plus précises et mieux reconnaître les spécialisations sans quoi en effet, d'autres actions pourraient avoir lieu dans d'autres hôpitaux. Nous privilégions toujours la concertation évidemment. » 

Les infirmier(e)s réquisitionnés

Les infirmiers des soins intensifs et des urgences ont été réquisitionnés à leur domicile au matin par la police pour assurer un service minimum, qui correspond dans ces départements au service normal. La continuité des soins est assurée et il n'y a pas de perturbation, a fait valoir le service de communication de l'hôpital... L'un des infirmiers témoignent sur la page Facebook de "la Santé en lutte" : " J'ai été réquisitionné par la police parce que je suis un infirmier gréviste... L'Etat, la société en général trouve donc que les soins que moi, mes collègues et amis prodiguons sont plus que nécessaires c'est à dire indispensables pour le bien commun."

C'est officiellement le gouverneur de province, et non l'hôpital, qui réquisitionne, selon le service de communication de l'hôpital. Les infirmiers ont été réquisitionnés jusqu'à vendredi. Si la grève se poursuit la semaine prochaine, la procédure de réquisition sera réitérée.

Les infirmiers travaillent avec des brassards et dossards portant le message "en grève". Ils ont reçu le soutien du mouvement La santé en lutte, mais pas des syndicats. On verra dans les prochains jours comment évoluera la situation dans les hôpitaux...

> Lire le manifeste pour l'avenir de la profession infirmière

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