Psychiatrie à Bruxelles : plus aucun premier rendez-vous disponible, alerte le CHU Brugmann

Il n’est aujourd’hui « plus possible » d’obtenir un premier rendez-vous en psychiatrie à Bruxelles, alerte le Dr Wissam Bou Sleiman, directeur général médical du CHU Brugmann, dans une interview accordée au Spécialiste. Le médecin lance un cri d’alarme : « Nous avons une explosion de demandes de patients psychiatriques pour une première consultation. Ils nous disent être redirigés par d’autres hôpitaux, qui eux-mêmes sont déjà très occupés et ne donnent plus de nouveau rendez-vous avec un psychiatre. »

Depuis plusieurs années, la situation dans les services psychiatriques est tendue, en raison du manque de places et de personnel. La question de la santé mentale prend de plus en plus d’ampleur chaque jour dans notre pays. Actuellement, à Bruxelles, la demande de première consultation dans les services de psychiatrie explose. Le Dr Wissam Bou Sleiman, directeur général médical du CHU Brugmann, lance un cri d’alarme : « Nous avons un afflux de demandes de patients psychiatriques pour une première consultation. Ils nous disent être redirigés par d’autres hôpitaux, qui eux-mêmes sont déjà très occupés et ne donnent plus de nouveau rendez-vous avec un psychiatre. »

Il ne s’agit pas de fermer le service… mais de souligner les limites du rôle d’un hôpital public
La crise de la prise en charge des patients psychiatriques est réelle, selon lui : « Nous le savons tous. Elle existe ! Je donne aujourd’hui la directive à mes équipes de ne pas fermer le service aux patients pour une première consultation. Nous sommes un hôpital public et nous devons jouer notre rôle de soins auprès de toute la population. Nous ne pourrons toutefois pas tenir ce rythme sur la durée ni assurer l’accompagnement de tous les patients pour un premier rendez-vous en Région bruxelloise. Nous devons trouver ensemble une solution et faire jouer la solidarité entre les hôpitaux et les services de psychiatrie, y compris avec les structures spécialisées. J’ai évidemment conscience qu’il s’agit d’une prise en charge lourde de patients complexes, qui nécessite plus de temps. »

Pour lui, « les autorités fédérales doivent se saisir rapidement de cette question. Le gouvernement bruxellois en formation devrait aussi réfléchir à cette problématique de santé mentale dans sa globalité. Nous devons être à l’écoute de la détresse de cette partie de la population. »

Le temps de la consultation
Le médecin-chef du service de psychiatrie, le Pr Matthieu Hein, confirme ce problème : « Nous avons une forte demande de patients psychiatriques, qui nous disent que d’autres structures sont dans l’incapacité de leur fixer un premier rendez-vous parce qu’il n’y a plus de place. Nous voulons pouvoir continuer à assumer toutes les nouvelles demandes et les temps de consultation. Nous recevons chaque jour des centaines d’appels pour des demandes de premier rendez-vous, en plus de nos autres appels, et nos accueils sont submergés. »

Le danger pour les autres patients
Il souligne aussi le danger pour les patients actuels de l’institution : « Avec cette situation, nous allons également manquer de temps et de moyens pour le suivi de nos patients actuels, qui ont besoin de soins appropriés… Ce qui n’est évidemment pas acceptable en termes de santé publique. Nous devons pouvoir également garantir la qualité des soins à nos patients. »

La réalité du terrain
Une situation confirmée par d’autres institutions bruxelloises, qui se disent confrontées à de nombreuses nouvelles demandes, notamment de jeunes. Ces demandes psychiatriques vers les psychiatres nécessitent une mise au point et des discussions autour d’éventuels traitements, et les équipes ne peuvent les assumer.

Aujourd’hui, de nombreux psychiatres ne sont donc plus en mesure de prendre de nouveaux rendez-vous ou annoncent des délais d’attente de plusieurs mois.

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