«L’hôpital doit faire face à de plus en plus de coûts qui ne sont pas financés »

Le directeur général du CHU de Liège, Julien Compère, quitte l’hôpital ce jeudi soir. Isabelle Degand, directrice financière et directrice générale adjointe au CHU, assurera la transition. Il a choisi Le Spécialiste pour accorder sa dernière interview.

Sur les hauteurs du Sart-Tilman à Liège, une page se tourne. Le patron du CHU de Liège, Julien Compère, cède sa place après 8 ans à la tête de l’institution pour rejoindre à partir du 1er octobre la FN Herstal et remplacer Philippe Claessens. En attendant qu’un nouveau directeur général soit nommé, Isabelle Degand, directrice financière et directrice générale adjointe au CHU assurera la gestion quotidienne pendant cette période de transition. Julien Compère part satisfait et conscient des défis à venir : « Nous avons permis la création du plus grand réseau hospitalier de Wallonie. Le CHU est redevenu un interlocuteur crédible pour les autres hôpitaux et a mis en place un plan d’infrastructure ambitieux. Enfin, nous avons oeuvré à ce que les résultats financiers de l’institution soient à nouveau positif malgré la période que nous venons de traverser. »

C’est possible donc ?

«Ce n’est pas facile, mais possible. Surtout, cela permet de financer des projets de développement de l’hôpital dans les années à venir. »

Comment s’est passée la relation avec les médecins ?

«Elle est basée sur la confiance. Un hôpital ne peut bien fonctionner que s'il y a un alignement des objectifs des médecins, du conseil médical et des autres acteurs de l’hôpital. C’est d’autant plus difficile aujourd’hui que l’on doit combiner une vision collective avec des aspirations individuelles de médecins notamment. De son côté, la direction doit garder la vision globale pour l’hôpital et pour le réseau. »

La réforme du financement est indispensable pour l’avenir des hôpitaux ? »

« Nous venons de vivre plusieurs années avec des finances sous pression qui ont évidemment impacté le patient. Les réductions de budgets ont toujours un impact sur le patient. L’Etat a fait un gros effort pour nous soutenir pendant la période covid. Il faut une remise à plat du mode de financement du système de manière générale pour garder un système de santé performant.  »

L’avenir de l’hôpital sera aussi numérique ? En a-t-il les moyens ?

« L’hôpital fait face à de plus en plus de coûts qui ne sont pas nécessairement financés. L’amélioration de la qualité a un coût qui n’est pas toujours pris en compte. Quand on installe de l’imagerie embarquée dans les salles d’opération ou pour le dossier patient informatisé, nous recevons un peu de moyen... mais qui ne couvre pas les frais réels. Nous le voyons aussi au niveau de la cybersécurité. Les hôpitaux doivent investir de manière permanente et pourtant, nous ne sommes pas beaucoup aidés financièrement. »

Comment sortir du conflit avec les médecins assistants ?

« Ce conflit est surprenant. Ils ont plaidé pour de nouveaux contrats et une position unique au niveau belge. Ils l’ont obtenu. Maintenant, ils voudraient des positions locales. On ne peut pas revenir 5 mois après un accord et dire qu’il n’est pas bon. Je m’interroge. Par ailleurs, nous menons un important travail au niveau du bien-être et la valorisation du métier. »

Pas surprenant de quitter le monde la santé pour celui des armes ?

« Je suis ravi d’avoir la chance de pouvoir le faire. Il ne faut pas rester enfermé dans des cases. J’entends que cela peut paraître particulier. En Grande-Bretagne, on peut avoir étudié la théologie et être banquier d’affaires...

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