Contrats confidentiels avec le pharma: "Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain"

"Il est temps d'arrêter les déclarations populistes sur les contrats article 81": la ministre de la Santé publique Maggie De Block a réagi lundi à une nouvelle proposition de loi annoncée le matin même par des députés sp.a, au sujet des contrats confidentiels passés avec des groupes pharmaceutiques pour le remboursement de médicaments innovants. Ces députés, Melissa Depraetere et Karin Jiroflée, estiment qu'il est choquant que ce genre d'accords secrets se multiplient, dont on sait que le coût est souvent élevé pour les caisses de l'Etat.

Elles souhaitent qu'un membre de la Chambre puisse demander à la Cour des comptes d'accéder à l'intégralité des contrats secrets avec le secteur pharma, arguant que "le contribuable a le droit de savoir ce que l'on fait de son argent". Régulièrement, des critiques ressurgissent au sujet de ce système, entre autres parce qu'on soupçonne parfois l'existence de potentielles alternatives moins onéreuses ou le secteur pharma d'en tirer de gros bénéfices alors que la recherche est souvent en partie financée par des fonds publics.

Du côté de la ministre compétente, on estime qu'il est temps de ré-expliquer les raisons d'être de ce système de conventions négociées, dont les détails (notamment le montant du remboursement) sont gardés secrets. Ces contrats existent "pour aider des patients pour lesquels il n'existe pas encore de traitement dont on est 100% sûr" (les médicaments "innovants"). La multiplication de ces conventions "n'est pas un choix des autorités", affirme la ministre via communiqué. Cela "découle du fait qu'il existe de plus en plus de traitements pouvant aider de nouveaux patients mais pour lesquels on n'a pas encore entière certitude", affirme la ministre. Choisir de ne pas rembourser un traitement innovant, parce qu'on n'a pas encore pleine certitude sur son efficacité par exemple, cela équivaut parfois à laisser des patients en attente d'une solution pendant de longues années, développe-t-elle.

Avec les conventions passées, "nous avons pu aider des milliers de patients", se réjouit-elle, même si elle reconnait que le système "est sous pression et pourrait être réformé".

"Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain", conclut la ministre de la Santé.

Pour le PTB, la députée Sofie Merckx a réagi lundi, appelant à retirer du privé et à mettre entre les mains du secteur public "le développement de nouveaux médicaments innovants et de leurs fruits". Selon le PTB, on pourrait aussi introduire des "licences contraignantes pour obliger les firmes pharmaceutiques à fournir des médicaments essentiels à des prix décents", ou passer par des "appels d'offre publics pour les médicaments".

> Lire aussi : Le sp.a veut permettre un regard sur les contrats confidentiels avec le pharma

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.