Covid-19: les messages du Professeur Dewit

Immunité collective, mutation du virus, antirétroviraux anti-VIH, confinement, ...., Nous avons rencontré virtuellement le Pr Stéphane Dewit, chef du service des Maladies infectieuses du CHU Saint-Pierre (Bruxelles). Lire et voir en vidéo l'intégralité de l'interview exclusive.

Au CHU Saint-Pierre, tout le monde se tient prêt pour accueillir tous les patients qui se présenteraient. De nouvelles unités d’accueil ont été ouvertes et d’autres pourraient être prêtes rapidement en cas de besoin. De cette mobilisation générale, nous pouvons déjà retenir l’investissement humain, comme un des moteurs pour enrayer cette pandémie. «Actuellement, on s’adapte au jour le jour aux besoins que nous rencontrons», explique Stéphane Dewit.

Immunité et mutation en question…
Il est probable que ces besoins se fassent sentir encore durant plusieurs semaines, voire plus. «Actuellement, nous ne disposons d’aucune donnée concernant la sérologie due à ce virus et nous n’avons pas d’idée concernant l’immunité conférée par l’infection au Covid-19. Parler d’immunisation contre ce virus est purement spéculatif. Nous allons disposer des tests et il faudra vérifier si l’immunité est protectrice et dans quelle mesure et pour combien de temps…» précise le spécialiste. «Actuellement, il n’y a pas non plus d’indication pour dire que les mutations de ce virus pourraient le rendre plus agressif. Les différences de taux de mortalité (NDLR: dans des pays comme l’Italie et l’Allemagne) sont liées à la manière dont l’épidémie est prise en charge, à la pyramide des âges et au mode de fonctionnement social». Il est évident qu’en Italie, une pyramide des âges inversée en raison du vieillissement de la population et l’existence d’un mode de vie sous le même toit de plusieurs générations favorisent une transmission plus rapide du virus aux personnes âgées, qui, on le sait, sont plus sensibles.

Au ban du monde?
Dans ce contexte on comprend difficilement la stratégie mise en œuvre par nos voisins des Pays-Bas. Pour le Pr Dewit, il s’agit d’un pari risqué. «C’est une attitude qui est troublante. Il est possible qu’à un moment donné, l’immunité collective puisse contrôler la maladie – c’est ce que l’on cherche à faire lorsqu’on vaccine une population-, mais dans le cas présent, ce sera au prix de combien de victimes… Si l’immunité collective met 6 ou 9 mois à être efficace, ce qui est classique, combien y aura-t-il eu de morts pour atteindre ce résultat, si cette stratégie fonctionne?»

VIH et tuberculose
Le CETIM dirigé par Stéphane Dewit est, on le sait, un centre de référence pour le VIH et pour la tuberculose. «Concernant les personnes vivant avec le VIH, il n’y a aucune recommandation supplémentaire à faire par rapport à la protection contre le Covid-19. Ces personnes ne sont pas plus à risque que quelqu’un d’autre de contracter la maladie ou de la transmettre pour autant qu’elles continuent à prendre leur traitement et, comme tout le monde, respectent les règles de confinement.» Les traitements anti-VIH ne constituent pas non plus une arme actuellement considérée comme efficace contre le Covid-19. Les personnes sous traitement antirétroviral anti-VIH ne sont donc pas protégées par leur traitement. La structure des deux virus est foncièrement différente. Concernant la tuberculose, il n’y a pas d’indication actuelle pour dire que ces personnes sont plus à risque d’être contaminée; «en revanche, elles pourraient transmettre plus facilement le virus en raison de leur toux», précise S. Dewit. Et si des rumeurs ont fait état d’une certaine protection conférée par le vaccin BCG, le spécialiste bruxellois les balaie de la main.

Poursuivre le confinement!
En revanche, il insiste avec force sur le respect des mesures de confinement qui sont bonnes selon lui, mais qui ne sont pas encore assez prises au sérieux. «Les gens ne mesurent la responsabilité individuelle qui incombe à chacun d’entre nous pour réduire la propagation de ce virus et de protéger les autres.» Pour le spécialiste, il ne faudra pas que ces mesures de confinement soient relâchées dans les semaines à venir même si on observe une diminution du nombre de cas, car le risque d’une deuxième vague est important. «Je ne pense pas que les mesures de confinement doivent se durcir, mais leur application doit se durcir. Si on en arrive à fermer des parcs, c’est bien parce que les gens ne respectent absolument pas ces règles.»

> Voir l'interview exclusive du Professeur Dewit ci dessous

 

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