“On doit se battre pour que les hôpitaux reçoivent les moyens nécessaires “ (Francis de Drée)

« L’hôpital doit-il être accessible ou excellent.? ». Pour Francis de Drée, le président de l’Association Belge des Hôpitaux,  la question que pose le congrès annuel de l’association est tout sauf anodine.

Alors que dans quelques jours, il quittera la Belgique pour diriger un hôpital au Vietnam, Francis de Drée, le président de l’Association Belge des Hôpitaux présente quelques points saillants du  congrès annuel de l’association : « Le métier de base de l’hôpital est de marier au mieux l’accessibilité et l’excellence. Ces deux notions sont fondamentales et devraient être conciliables au sein d’une même institution. Aujourd’hui toutefois, il est impossible dans tous les hôpitaux en Belgique d’offrir les mêmes plateaux techniques. »

Une réflexion géographique

Pour lui, la question que pose le congrès est tout sauf anodine : « l’hôpital doit-il être accessible ou excellent. ». « Personne ne veut opposer les deux surtout dans les révolutions actuelles des soins de santé avec les mises en réseau, l’intelligence artificielle, les modifications dans les systèmes de financement…. Mais Maxime Morin, directeur du CH Roubaix l’a bien montré. On doit aussi être capable de travailler avec une réflexion géographique face aux déserts médicaux notamment. »

Face au patient, le défi est plus que jamais de trouver les bons soins pas trop loin : « Aujourd’hui, on ne peut pas procéder à tous les actes médicaux partout….mais le patient n’a pas envie de faire 30 km pour tous ses soins. Le cancer est un bon exemple : pour une thérapie de pointe, il faut pouvoir se rendre dans un hôpital spécialisé un peu plus loin. Par contre, pour faire sa chimiothérapie chaque semaine, il est indispensable d’avoir un hôpital plus proche. »

Les malades chroniques

Pour lui, la concentration des soins dans certaines institutions doit se limiter aux plateaux techniques : « Les interventions One Day doivent être plus proches des patients. Même chose pour les soins pour les malades chroniques. Il faut une plus grande proximité pour que le patient soit bien soigné et que cela coûte moins cher au système de soins de santé. »

Il a relevé les paroles de Jacques de Toeuf de l’Absym à propos « de  l'offre de soins qui doit répondre à la demande ». Il soulignait notamment que  « les listes d'attente sont symptomatiques de l'inaccessibilité actuelle. Il n'y a pas d'interopérabilité entre acteurs et donc trop peu de cohérence. » Pour Francis de Drée, « la prise en charge d’un patient demande plus de cohérence qu’avant. A ce niveau, les prestations de soins en dehors de l’hôpital vont devoir jouer un rôle plus important. Les infirmières coordinatrices devront être mieux financées. J’en parlais encore récemment avec une de mes responsables en la matière au niveau du parcours post-AVC afin d’améliorer la prise en charge du patient. »

Les soins de première ligne

Lorsque Philippe Close, Bourgmestre de la Ville de Bruxelles a insisté sur l’importance des interactions entre les hôpitaux bruxellois et la première ligne, il entre aussi dans ce débat de l’accessibilité des soins pour tous et du défi du maillage avec la médecine de première ligne et l’hôpital.

Pour Francis de Drée, les nouvelles technologies apporteront aussi des réponses à ce niveau : « La télémédecine n’est pas là pour tout résoudre. Mais par exemple, elle possède une réelle utilité pour le suivi des patients en maison de repos pour certaines spécialités surtout dans un contexte de pénurie de médecins. Toutefois, pour que cette pratique se généralise, il convient de mettre une valeur et une nomenclature sur chaque acte.»

L’urgence des moyens

Toutes ces réflexions ne pourront aboutir que si des moyens suffisants y sont consacrés : « Il n’est pas trop tard, mais on doit se battre pour que les hôpitaux reçoivent les moyens nécessaires à la pratique d’une bonne offre de soins. C’est indispensable. Et à ceux qui en doutent, je rappellerai que les institutions hospitalières sont souvent le plus grand employeur d’une ville. C’est un secteur qui a du sens et qui n’est pas délocalisable et il profite donc vraiment à l’économie de la région ou de la ville. »

Sur ces mots, dans quelques jours, Francis de Drée, même s’il compte rester très actif au sein de l’ABH, prendra la route de Hanoi au Vietnam comme directeur de l’hôpital français…”.mais je resterai très curieux et impliqué dans les défis des soins de santé en Belgique. ”

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